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Carnets de route

Un an s'est ecoule...

Un an. Voila un an que je suis rentre du Japon et cela me semble une eternite. Oui, le temps passe vite, pour sur, mais un an ca laisse aussi le temps de changer d’idee de nombreuses fois avant de parvenir a statuer sur ce que sera son avenir.

Petit retour en arriere (plus pour la forme maintenant que les deja rares lecteurs de l’epoque ont deserte depuis longtemps ce site). Mon premier mois en France consista a passer l’essentiel de mon temps au lit a m’enfiler anti-inflammatoire sur anti-inflammatoire. Ce fut loin d’etre drole mais beaucoup de monde vint me rendre visite ce qui attenua mon ennui et me rendit parfois le sourire. Ma famille tout autant que moi ne dut pas vivre ce retour au bercail comme elle l’esperait, recuperant a la maison un eclope alite et broyant du noir.

Apres cette periode, n’en pouvant deja plus de rester si inactif je commencai a chercher du boulot aupres d’anciens contacts, de preference en CDD ayant toujours en tete un possible retour sur les routes dans quelques mois. Non, je n’allais pas beaucoup mieux pour etre franc mais au moins je pouvais me tenir debout et ca me suffisait. Il me fallut deux semaines pour trouver ce que je cherchais grace a un ami connu lors de mon apprentissage au Technocentre de Renault, quelques 6 annees auparavant. Je signai donc chez eux un interim de 6 mois fin juillet. Sans m’en rendre compte et plus contraint par l’inactivite que la reelle recherche d’un emploi, j’allai travailler pour la premiere fois en tant qu’ingenieur, a l’instar de mes compagnons de promo deja passes par la avec 2 ans d’avance.

Pendant ces 6 mois je menai la vie studieuse d’un cadre parisien partagee entre le travail, les transports et les pintes dans les bars de la capitale (et elles furent nombreuses ; noyer son chagrin dans l’alcool est un classique auquel je ne coupai pas). Mon moral était loin d’etre au beau fixe, ma situation medicale n’evoluant pas d’un iota malgre plusieurs traitements prescrits par un medecin, une rhumatologue, un kinesitherapeute et meme un osteopathe. Heureusement, le travail était interessant et j’ai toujours eu tendance a m’investir un peu plus que la moyenne dans ce dernier, ce qui m’occupa l’esprit. Sylvain, un excellent ami connu a Grenoble, m’accueillit également comme colocataire dans son 2 pieces a Colombes. Son calme inebranlable, sa jovialite, sa simplicite et son gout prononce pour les boissons alcoolisees furent des atouts inegalables pour me permettre de retrouver un etat d’esprit sain (a defaut de ma nutrition).

Paris, le LouvreUn coloc en orPeu a peu, j’arretai de broyer du noir pour essayer de tirer les enseignements du superbe voyage que j’avais realise (bien qu’ecourte il dura malgre tout presque 2 ans, de quoi donner matiere a reflechir au retour). Je fus evidemment le dernier a m’en rendu compte mais il paraissait que j’avais « change ». Selon moi on ne change jamais vraiment mais certains traits de caractere se renforcent alors que d’autres sont attenues par les experiences accumulees. Bref, le fait de me remettre peu a peu les idees en place me fit repousser la fin de mon voyage a plus tard et me mit d’autres objectifs de vie en tete.

En attendant de les realiser, je devais avant toute chose en finir avec mes soucis de sante. Apres 8 mois de traitements partiellement efficaces (la douleur s’était peu a peu estompee sans jamais pour autant disparaitre et me permettre de vivre normalement), je decidai de me faire operer. Je passai une semaine a l’hopital au debut de l’annee 2012 suivi de 2 mois de convalescence ou, encore une fois, je fus occupe le plus clair de mon temps a rester allonge. Suite a ca, j’etais cette fois decide a trouver un emploi en CDI, de preference n’importe ou sauf a Paris ; un besoin de repartir a zero etant profondement ancre en moi. Apres un mois et demi de recherche je fus embauche comme pilote de projets industriels pour le compte d’un cabinet de consultants base a Lyon. Pour ma premiere mission je fus envoye a Saint Jean de Maurienne pour travailler a l’usine de production d’aluminium, ancien fleuron de l’entreprise Pechniney et plus grand pourvoyeur d’emplois de la vallee de la Maurienne… actuellement menace de fermeture. Malgre le contexte social difficile, la joie de me retrouver a nouveau dans les montagnes (apres mes etudes a Grenoble…), dans une ville a taille humaine et avec un dos a peu pres repare, suffit a placer tous mes indicateurs personnels au beau fixe !

Cette situation me place sur de bons rails pour la concretisation de mes objectifs a plus long terme ; mais ceci restera dans mes tablettes car j’ai po envie qu’on me pique mes idees de bobo-ecolo-gaucho !

Nous sommes au debut de juillet, le soleil inonde de ses rayons et de sa chaleur les verts sommets de la Maurienne. J’invite qui que ce soit passant dans le coin a s’arreter a Saint Jean, il y a toujours de la biere au frais pour les soifards, une rando a decouvrir pour les sportifs et des promesses de discussions animees pour les pseudo-intellectuels !

Haute Maurienne Saint Jean de MaurienneHaute Maurienne

Un gout amer d'inacheve

C’est donc comme ca que ca se termine ? Aussi tristement ? Vaincu par une hernie discale et un probleme de secu ? Comme c’est navrant…

Apres avoir pris ma decision, une decision qui me laissa au bord des larmes, je m’attele a arranger mon rapatriement. Ce n’est pas gagne mais l’avis des medecins japonais et les resultats de l’IRM pesent suffisamment dans la balance pour que mon assurance m’organise finalement le 15 juin un retour sous le signe de la plus grande prudence. Je volerai en effet  en premiere classe a bord du vol quotidien d’Air France entre Osaka et Paris et chacun de mes transferts de l’aeroport au domicile, et vice-versa, se fera a bord d’une ambulance et d’une chaise roulante. C’est ce qu’on appelle prendre des precautions !

Le jour du depart, je quitte donc Sumiko et Chie de bon matin et monte dans l’ambulance. Mon dernier ride avant longtemps j’imagine… Pour une fois, celui-ci me laisse sans voix, je n’ai meme pas le cœur d’entamer une conversation avec mes chauffeurs. J’ai l’estomac noue et ma seule pensee est focalisee sur la validite de ma decision. Mon humiliation est a son comble lorsqu’une fois a l’aeroport on me trimballe en chaise roulante d’un hall a un autre jusqu'au decollage. Une fois dans l’avion, j’ai le plaisir de gouter au luxe de la classe affaires d’Air France. Le foie gras est evidemment tres bon mais a neanmoins un gout amer dans ma bouche. Je m’amuse de ce soudain faste et me rememore les surprises du genre que m’avait reserve mon voyage jusque la. J’ai toujours été etonne par la juxtaposition de ces moments de luxe inopines a ces moments ou la crasse et la frugalite etaient mes seules compagnes.

Entre deux films, je prends un moment pour observer la terre defiler a travers le hublot. Nous survolons la Chine, puis la Russie, la Scandinavie et enfin l’Europe. En 12h de vol j’effectue un voyage qui allait probablement m’occuper pendant une annee ou deux, quelle tristesse ! La melancolie est bien presente ainsi que la peur, la peur de rentrer. Je ne suis pas pres. Cela ne devait pas se passer comme ca et j’ai du mal a l’accepter. Mon voyage n’est pas acheve et tant qu’il ne le sera pas je ne trouverai ni la serenite, ni la confiance en un futur incertain. Que cela me prenne six mois ou dix ans, je terminerai ce voyage car c’est lui qui detient les cles de mon avenir et de ma sante mentale.

Je suis rentre il y a deux jours. J’ai revu ma famille et bien que je sois encore un peu perdu dans les limbes de mes souvenirs de ces deux dernieres annees, j’arrive a entrevoir les aspects positifs de ce retour, du moins je m’efforce. Revoir sa famille, ses amis, refaire le plein de bon cholesterol francais, passer l’ete chez soi a se requinquer et surtout profiter des soins medicaux dont j’ai absolument besoin pour esperer repartir promptement. A moi de profiter au maximum de ce repit qui m’est offert et de repartir plus fort, plus experimente et encore plus desireux de voir le monde qu’avant.

Shoganai...

Comme je l’avais ecrit dans un billet precedent, j’arrive a Kobe avec une douleur lancinante dans la jambe gauche qui m’inquiete serieusement. Depuis une dizaine de jours, il m’est difficile de dormir, de m’asseoir ou meme de marcher. Pedaler n’a cependant pas trop pose de problemes, ce qui m’a permis de revenir a Kobe malgre tout.

A Kobe, je suis recu par Sumiko et Chie, respectivement la mere et la sœur de Yudai, l’ami qui m’avait prete le velo et qui se trouve en voyage en ce moment. Sumiko est chiropracticienne et j’en profite pour lui demander de m’examiner. Sans pouvoir me donner de diagnostic, elle me signale neanmoins que mes symptomes sont assez severes et que mon dos, completement tordu par presque deux ans de vagabondage sac sur le dos, est a l’origine de la douleur.

Je reste deux jours chez Sumiko, cette femme etonnante et genereuse qui passa douze ans aux Etats-Unis pour etudier la chiropraxie et elever seule ses deux enfants alors ages de 4 et 8 ans. Alors que Yudai, l’aine, avait deja bien assimile le japonais et est maintenant bilingue, Chie n’a pas eu cette chance et doit rattraper le temps perdu en apprennant sa propre langue a l’age de 25 ans. Sumiko me traite pendant deux jours en prenant sur son temps libre et en retour je m’occupe de Mac, leur vieux chien qui traine une patte folle, tout comme moi. Ca nous fait un point commun et on s’entend bien.

Le troisieme jour, je rends visite a Yoichi, le vieil homme qui m’avait recu a mon premier passage a Kobe. De chez lui, je decide de finalement me rendre a l’hopital pour obtenir un diagnostic de ma blessure. Je reste cinq heures a l’hopital ou le docteur me preconise un test IRM et une radiographie apres une premiere examination. Il soupconnait une hernie et c’est que lui confirment les radios. J’ai une belle double hernie discale qui me provoque une sciatique dans la jambe gauche. Le seul remede possible pour l’instant est une totale inactivite et du repos. On peut considerer qu’il s’agit d’une mauvaise nouvelle pour quelqu’un qui vit avec un sac sur le dos, en mouvement perpetuel et a qui il reste au bas mot 40 000 kilometres a parcourir pour rentrer chez lui. Sans compter que le 21 juin, mon visa de tourisme au Japon expirera.

Je suis de retour chez Sumiko et Chie qui ont gentiment propose de m’accueillir dans leur petit appartement. En plus du repos que je prends chez elle, Sumiko me soigne regulierement a sa clinique. Je m’interroge neanmoins sur la suite des evenements. Premierement, car apres un bon temps depuis l’apparition de la douleur, celle-ci ne semble pas faiblir. Ensuite, car je crains egalement l’operation chirurgicale qui pourrait intervenir si la douleur persistait. Ajoute a ca le fait que meme si la douleur disparaissait subitement, j’aurais besoin d’une bonne reeducation pour me remettre le dos d’aplomb et etre capable a nouveau de parcourir le monde sac sur le dos. Enfin, alors que je m’interroge sur la possibilite de rester plusieurs mois supplementaires au Japon pour me faire soigner correctement, j’apprends que j’ai perdu mes droits a la securite sociale et que mon assurance ne peut donc me rembourser aucun frais medical engage a l’etranger.

Apres avoir recueilli l’avis de differents medecins, en France et au Japon, je comprends que je n’ai pas le choix : je dois rentrer en France. Le schema d’evolution de ma blessure comporte trop d’inconnues. Dans le meilleur des cas, avec du repos et des anti-inflammatoires, la douleur pourrait disparaitre en quelques semaines. Ensuite, avec un mois ou plus de reeducation, un peu de piscine et encore du repos, je pourrais renforcer mon dos et attendre encore quelques semaines pour verifier que mon etat est bien stable. Seulement, dans le pire des cas, la douleur pourrait ne pas s’estomper, je pourrais recourir a des injections et en arriver a l’operation suivie egalement d’une reeducation. Bref, je peux en avoir pour des mois sans compter les complications possibles et sans compter qu’aucun soin ne me sera rembourse. Je dois me rendre a l’evidence, je dois rentrer en France. 

Avec Sumiko et Chie - Kobe

Racket a la japonaise

Lorsque je quitte Kochi, un grand soleil m’accompagne alors que j’avale les kilometers (facon de parler vu que j’avance avec une bicyclette charge et deja fatiguee par 15 jours de voyage). Mon euphorie est coupee nette lorsque je creve pour la premiere fois et que je m’arrete pour reparer. Je repars une heure apres les mains noires de camboui. En fin d’apres-midi j’atteins le cap de Muroto, le cap sud est de Shikoku. J’y visite mon deuxieme temple inclut dans le pelerinage de l’ile et considere comme remplit mon contrat de non-pelerin mais visiteur de l’ile. Deux caps (et deux phares evidemment), deux temples et des dizaines de pelerins. Voila mes statistiques pour Shikoku !

Muroto misaki  Pelerin de bronze - Muroto

Je passe la nuit un peu plus haut sur la cote et pousse la paresse jusqu'à planter ma tente orientee plein est afin de n’avoir qu’a sortir la tete par l’ouverture pour assister au lever de soleil. A 5h j’ai ainsi droit a un nouveau lever de soleil rouge au-dessus des flots. Le lendemain, j’arrive pres de Tokushima. J’ai laisse derriere moi plages desertes et petits villages de campagne pour rejoindre la grande ville, son traffic, son gris et sa morosite. Pour echapper a cette vague de depression qui me submerge une fois en ville, je gravis un petit mont ou je passerai la nuit. J’y fais la connaissance d’un jeune agriculteur venu faire son jogging. Notre conversation en japonais reste limitee mais il me glisse quelques mots lorsque je lui parle de mon voyage. Je ne l’oublierai jamais a cause de l’intensite de son regard et de sa poignee de main au moment de les dire : « Ichigo Ichie ». Il s’agit d’une expression, comme d’autres qu’on m’a appris avant, dont la signification profonde n’est pas refletee par sa courte construction syllabique. Sa traduction pourrait etre : « saisie ta chance car ce moment est special et il ne se reproduira pas ».

Cote est de Shikoku  Quand la nature reprend ses droits... - Shikoku  Sunrise, sunrise! - Shikoku

Apres une nuit a faire peur aux amoureux venus observer romantiquement la ville et ses lumieres (comment reagiriez vous si apparaissait une tete dans le noir demandant humblement d’essayer de baisser le volume des gloussements et exclamations intempestives ?), je m’elance a nouveau dans la pluie et le vent qui se leve dangeureusement. Je suis rapidement a Naruto et son fameux detroit, ou peuvent etre observes d’etranges tourbillons provoques par la rencontre des courants marins de l’ocean Pacifique et de la mer interieure du Japon. Ma preoccupation neanmoins a ce moment la est : comment vais-je passer le satane pont qui me separe de l’ile d’Awaji et par consequent d’Honshu et Kobe? A savoir que le passage sur le pont se fait par une autoroute, par definition payante, et qu’il n’existe aucune voie cyclable ou meme un trottoir pour les pietons. Apres m’etre fait arrete par la securite routiere alors que je m’engageais a contre-sens sur l’autoroute (j’etais dans la voie d’urgence, pas de panique !), apres m’etre fait evacuer par la police alors que j’avais entame le stop au plus proche peage et apres avoir demande a 50 personnes differentes par quel moyen pouvait-on esperer traverser ce fichu pont a velo, j’ai finalement abdique et trouve un bus local acceptant de me transporter moi et mon velo sur Awaji. Il s’agissait donc de trouver le moyen de franchir un obstacle dont le but est de faire franchir des obstacles, j’ai du mal a comprendre la logique du processus. Processus evidemment capitalistique (dans le mauvais sens du terme) puisque j’ai debourse 640 yens (6 euros) pour 5 minutes en bus et quelques bornes de trajet, un vrai racket !

Une fois a Awaji, je dois remonter mon velo alors demonte pour pouvoir prendre le bus, et je peux reprendre la route. En fin de journee, apres avoir longe la cote est de l’ile et traverse un nombre incalculable de champs d’oignons (et vu un nombre encore plus incalculable d’oignons), je bivouaque sur une superbe pelouse en bord de mer qui semblait n’attendre que moi. Le matin suivant, lorsque je me reveille a 6h30, je me rends compte qu’elle ne faisait vraiment que « sembler » m’attendre puisqu’en fait elle attendait un groupe de retraites matinaux venus jouer au croquet a la faveur des premieres lueurs du jour. Ma tente est negligemment plantee a la peripherie de leur terrain de jeu mais ca ne semble gener personne. Ca ne semble pas…

Un dernier coup de rein pour atteindre le pont de l’extremite nord de l’ile ou cette fois le racket se fait a bord d’un ferry et non d’un bus, avec un supplement pour le velo en prime. Un alcolo dans le ferry et evidemment il vient parler au voyageur a bicyclette qui attire les regards. C’est toujours la meme histoire, j’attire soit les ivrognes, soit les fous, soit les shootes au cafe ou toute autre sorte de parias de la societe. Je ne m’en plains pas toujours, c’est parfois instructif. Mais pas ce jour la… Je debarque a Akashi et couvre rapidement les quelques kilometres restants me separant de Kobe. Nous sommes le 2 juin. Apres trois semaines a velo, la boucle est bouclee.

Pont Naruto-Awaji et tourbillons  Pont Awaji-Akashi

Voyager a velo dans cette partie du Japon fut un vrai plaisir. Je crois sincerement que c’était le meilleur moyen d’en decouvrir les paysages et les richesses naturelles. Cependant, meme si j’ai fait de superbes rencontres pendant ces trois semaines, je n’echangerai pour rien au monde le stop avec le velo. La composante sociale inherente au stop m’est bien trop chere et je ne troquerais meme pas ca pour les plus beaux paysages du monde. Je dois avoir une ame d’anthropologue, j’ai manque ma vocation…

Hein Simio, que le stop c'est mieux que le velo?

Un typhon, -phon, -phon...

Arthur habite avec sa femme Hiromi et leur fille de 7 ans Arrissa a Oki, un village rattache a Tosa Shimizu. Leur maison trone au sommet d’une falaise, au milieu d’une vegetation luxuriante et ou, la nuit, vous etes berces par le bruit des vagues dans votre sommeil. En somme, un petit paradis. Ils habitent la region depuis une quinzaine d’annees et ont fui le stress de la grande ville. La vie ici est bien plus paisible et bien plus detendue. Oki hama (hama pour plage) s’etend au pied de la falaise ou vit Arthur et sa famille et voit de nombreux surfers la cotoyer quotidiennement, une autre preuve de l’attitude « relax » de la region.

Le soir ou j’arrive a Tosa Shimizu, Arthur doit faire une presentation publique de son experience a Ishinomaki a la mairie. Je l’accompagne evidemment pour l’occasion. La salle est comble, et pour cause, Tosa Shimizu est fortement exposee a un risque de tsunami (comme l’est toute la cote sud de Shikoku). Cependant, il n’existe aucune veritable procedure d’urgence ou d’evacuation de la ville car la population est peu sensibilisee a un tel risque. La presentation a donc pour but, non seulement d’informer sur la situation apres le tsunami dans le nord est du pays et d’inciter de nouveaux volontaires a se declarer, mais aussi a faire prendre conscience de l’interet vital de mettre en place les moyens necessaires a la protection de la ville contre un eventuel tsunami et de l’instauration d’une procedure d’evacuation.

Les deux jours suivants, je reste en compagnie d’Arthur, Hiromi et Arrissa. Ma curiosite insatiable melee a l’affabilite et l’erudition d’Arthur sur la culture japonaise me permettent d’approfondir ma connaissance du pays. Arthur a en effet etudier les cultures asiatiques a l’universite, parle japonais couramment, a vécu dans le pays plus d’une quinzaine d’annees et a eu une vie riche en rebondissements, ce qui lui permet d’avoir un regard objectif sur le Japon, ses us et ses coutumes. Hiromi, qui est professeure d’anglais comme son mari, partage egalement avec moi ses reflexions sur son propre pays. Les evenements lies au tsunami du 11 mars dernier et notamment l’accident nucleaire de Fukushima ont mis a plat beaucoup de sujets sensibles dans le pays tels que la corruption et l’opacite dans la politique japonaise. Selon Hiromi, un changement est en train de se produire dans la societe nippone et Fukushima en serait le declencheur. Il faut maintenant voir jusqu’ou poussera cette vague de changement et ce qu’elle induira.

J’en profite au passage pour faire deux presentations de mon voyage dans la classe d’Hiromi et je suis toujours interesse de voir a quel point les eleves sont heureux de decouvrir qu’il existe un monde en dehors de leur pays, ou meme de leur propre ville. C’est comme un voile opaque qui serait leve sur un paysage inconnu qui n’attend que d’etre explore. Ce paysage n’est generalement pas plus joli ou plus laid que celui dans lequel ils vivent, il est tout simplement different. On peut ne pas l’aimer mais le plus important est de tacher de le comprendre et d’en accepter les differences lorsqu’elles sont endemiques ou de les rejeter lorsqu’elles sont montees de toute piece au detriment du "paysage" en lui-meme et de ses habitants. Se forger un esprit critique et independant aux penchants pacifiste et egalitaire, un ideal maintenant relegue aux oubliettes par l’education moderne.

Dans la classe d'Hiromi - Tosa Shimizu

Le reste du temps, je visite la region et je me regale de la cuisine d’Hiromi. J’accompagne Arthur jusqu’au cap ou je visite mon premier temple inscrit sur la liste des 88 du pelerinage de Shikoku. Et pour les remercier de me recevoir, j’y vais aussi de mon petit repas a la francaise avec saumon aux epinards et clafoutis tatin. J’ai laisse mes crepes de cote pour l’occasion et a ma grande surprise ce fut bon. Egalement une soiree chez Ike-san, un architecte excentrique et attachant qui a fait le tour du monde dans sa jeunesse et qui fabrique sa propre biere, ce qui en fit immediatement mon ami. Enfin, la veille de mon suppose depart, Arthur m’annonce qu’une enseignante d’anglais en place a Shimizu et originaire des Etats-Unis est subitement tombee en depression et quitte la ville. L’ecole a besoin d’un prof d’anglais pour un mois et ca pourrait tres bien etre moi si la mairie et l’ecole me donne le feu vert administratif. Lorsqu’Arthur me demande si ca m’interesse, je reponds evidemment : « Pourquoi pas ? » A savoir qu’au Japon, on considere toute personne etrangere comme sachant parler anglais parfaitement. Ce n’est pas mon cas meme si je le parle couramment, mais c’est toujours mieux que la plupart des professeurs japonais qui n’ont jamais mis un pied en dehors du Japon et qui ont, dans 5% des cas, adresse deux fois la parole a un gaijin dans leur vie. C’est pourquoi la situation presente est envisageable dans un pays comme le Japon mais ne pourrait ne serait-ce qu’etre imaginable dans un pays europeen.

Chez ike-san - Tosa Shimizu  Un banc de pelerins - Ashizuri misaki  Ashizuri misaki

Bref, pendant que l’administration reflechit a cette solution, je pars planter la tente pendant deux jours a une quinzaine de kilometres de la, en bord de mer. J’espere faire un peux de plongee pour voir le corail et la faune marine qui abondent en ces fonds. Pas de chance, le temps se degrade et la mer se fait houleuse. Je passe deux jours dans ma tente a bouquiner tandis que la pluie et le vent mettent a mal sans discontinuer mon pietre refuge. Lorsque je retourne chez Arthur, le temps est au typhon (nombreux en cette saison) et en moins d’une heure je me fais completement rince avant d’arriver a Tosa Shimizu apres un penible voyage. Ce qui est bien avec le Japon, c'est qu'on n'a pas le temps de s'ennuyer, il y a toujours une petite catastrophe naturelle pour animer les soirees! En rentrant, Arthur m’informe que les habituels « trop complique » et « pas possible » ont pris le pas sur mon « pourquoi pas ? », ce qui ne m’etonne guere, et que je pourrai poursuivre ma route le lendemain. Pourquoi faut-il toujours que la paresse, le manque d’imagination, l’immobilisme et la couardise l’emportent sur l’enthousiasme, la debrouillardise, le courage et la bonne volonte ?

Ruche de roche - Shikoku  Cote dans le mauvais temps - Shikoku

Je m’en irai donc le lendemain. Arthur m’informe cependant qu’un typhon, dont la pluie et le vent les jours precedents n’etaient que des signes avant-coureurs, se rapproche de la cote. Il me propose de m’emmener jusqu'à Kochi ou il doit visiter des amis depuis plusieurs semaines. Passer deux jours sous la pluie en plein typhon n’est pas une perspective enchanteresse et j’accepte volontiers. Le lendemain matin, je remercie grandement Hiromi pour son accueil et salue Arrissa qui a ma grande surprise eclate en larmes au moment de la quitter. Adorable petite fille…

Arrissa et Choukrane - Tosa Shimizu  Arthur, Arrissa, Hiromi et moi - Tosa shimizu

Avec Arthur nous parcourons donc les 140 km qui nous separent de Kochi en poursuivant nos echanges eclaires (ou du moins le crois-je). La cote ne m’offre pas grand-chose a voir si ce n’est un epais rideau d’eau qui tombe sur une encore plus grande etendue d’eau. En fin de journee, nous sommes recus par Yukio et Ikuko Soga, un couple de professeurs a la retraite, bons amis d’Arthur et d’Hiromi. Nous passons la nuit chez eux. Arthur nous quitte dans la journee le lendemain apres avoir fait un tour de la ville en ma compagnie (et en voiture vu le temps).

“Arthur, Hiromi and Arrissa, thank you so much again for your hospitality and generosity. Hope to see you in France and to host you when you come to visit my country!”

Le typhon annonce semble n’etre en fait qu’une bonne tempete avec grand renfort de vent et de pluie selon Ikuko. Generalement, le vent est bien plus violent et la pluie peut etre plus drue. Pendant que la tempete sevit, Yukio m’enseigne le jeu de Go. Anciennement cree en Chine, il etait largement repandu au Japon et reserve a l'aristocratie. Une grande abilite a ce jeu etait l’apanage des meilleurs strateges. Le principe est simple, les pions noirs doivent encercles les pions blancs et vice versa. Celui avec le plus de pions encercles perd la partie. Les strategies de jeu sont quant a elles quasi infinies et les parties peuvent durer des heures. Apres 35 ans de pratique et des heures d’etudes, Yukio a acquis une large connaissance du jeu. Ses conseils sont precieux pour me permettre de debuter correctement.

Drole de cafe... - Kochi  Let's GO! - Kochi

Le soir venu, Yukio et Ikuko joignent leurs talents pour nous mitonner une veritable festin. Je suis assigne au desert et prepare un gateau. Lorsque je dois partir le lendemain, le ciel est parfaitement clair, l’air nettoye de toute impurete apres le passage du typhon et la mer est anormalement claire. Yukio tient a me montrer son « cottage » dans la montagne a 30 km de Kochi qu’il a presque entierement construit seul. Nous laissons derriere Ikuko et partons en camionnette. La petite maison est complement isolee au bout d’un chemin qui serpente plusieurs kilometres a flanc de montagne. Perdu au milieu des bois, l’endroit est d’un calme implacable, frais et vivifiant. Yukio et Ikuko le visitent presque chaque week-end.

Yukio, Ikuko et moi - Kochi

Il est deja midi et je dois reprendre la route. Yukio me laisse sur la route principale d’où je vais pouvoir m’elancer pour mon dernier trajet avant d’atteindre Kobe dans quelques jours.

“Yukio, Ikuko, arigato gozaimasu ! It was great to meet you and I hoped the typhoon was longer to stay stuck in your nice house more time!”

Shikoku, ca vaut le coup!

Je quitte donc Hiroshima en debut d’apres-midi apres l’achat de quelques provisions pour la route et la « degustation minute » de pates chinoises au pied d’un 7 Eleven du centre ville. Les regards curieux, parfois reprobateurs, sur mes manieres de vagabond ne me derangent plus depuis longtemps…

La journee est belle et j’ai le temps de passer Takehara, a 60 km d’Hiroshima, avant de m’arreter dans un parc pour la nuit. Il eut ete agreable de dormir a la belle etoile ce soir la mais les moustiques commencaient deja a se regaler de mon sang juvenile alors que la nuit n’était pas encore tombee. Le lendemain je suis a Mihara de bonne heure. Je dois y retrouver Thibault en fin de journee. J’en profite pour mettre a jour mes carnets de voyage sur le web dans un Mc Donald’s disposant d’une (lente) connexion internet. Le soir, je retrouve Thibault a la gare de Sunami et nous nous rendons sur la plage ou j’avais passe la nuit quelques jours plus tot. Thibault a eu la bonne idee d’apporter une specialite locale que nous degustons avec mes rations de pain et de thon en boite. Mon compagnon a une passion pour le Japon inepuisable qu’il tente de me transmettre notamment a travers l’apprentissage des kanjis. J’ai déjà trop de mal avec le japonais conversationnel et j’avoue faire preuve de mauvaise volonte ce soir-la. Nous assistons ensuite au lever de la lune derriere les petites iles situees au large de la plage ; un moment de beaute pure et simple comme seule la nature nous en fait vivre. Nous nous installons ensuite sur le sable douillet pour une nuit tranquille bercee par le bruit des vagues.

A 5h, j’ai juste le temps de reveiller Thibault pour le lever d’un soleil rouge sang sur la mer, avant de me rendormir presque immediatement. Dans la matinee, apres un petit dejeuner copieux fait de cereales bien trop seches, j’abandonne Thibault qui doit rejoindre l’ile de ses reves (je laisse ici de cote les raisons qui le pousse a s’y rendre) tandis que je me lance a l’assaut de l’ile de Shikoku, la quatrieme plus grande de l’archipel japonais apres Honshu, Hokkaido et Kyushu. Pour l’atteindre je dois d’abord me rendre a Onomichi et traverser les petites iles qui separent Honshu de Shikoku. Alors que je passe le peage du premier pont en douce, je me retrouve ensuite sur une piste cyclabe de 75 km de long qui m’entrainera d’Onomichi jusqu'à Imabari, au nord ouest de Shikoku.

La journee est chaude et ensoleillee et les paysages sont grandioses. J’ai de la peine a ne pas m’arreter tous les kilometres pour observer une plage au sable fin, une falaise dont les rochers plongent avec grace dans l’eau turquoise de la mer interieure du Japon, des plantations de citronniers a flanc de colline ou encore un de ces majestueux ponts qui relient ces innombrables iles dont la taille varie de quelques dizaines de metres a plusieurs kilometres.

L'arbre qui cache la foret - Shikoku  Trop d'iles... - Shikoku  Coucher de soleil et bulots - Shikoku

J’atteins finalement en fin de journee le rivage de Shikoku. J’ai tout juste le temps de me trouver un endroit ou planter la tente et accessoirement avoir une agreable vue sur le coucher de soleil derriere les montagnes. Le lendemain, je roule tranquillement jusqu'à Ozu, alternant entre paysages de basses montagnes boisees, de champs dedies majoritairement a la culture du riz et de fronts de mer avec plages enchanteresses.

Hama no kirei desu!!! - Shikoku  Japanese sweet, hum, oichi desu! - Shikoku

Je campe le soir sur un terrain de golf apres avoir recu l’autorisation du jardinier en chef. Le golf est une des grandes passions des japonais, peut-etre le second sport national apres le base-ball. La nature luxuriante du pays associee a une attention particuliere des japonais pour le jardinage est sans doute la raison pour laquelle ce large 18 trous est si joli et m’offre un gite parfait pour la nuit. Au petit jour, le jardinier en chef refait surface accompagne de ses subalternes pour une petite discussion matinale. Viennent s’ajouter a la conversation quelques obaasan (grand-mere) qui utilisent le golf pour la promenade quotidienne de leurs toutous cheris. La scene est assez pittoresque et je ne cesse de sourire betement ce matin la. Moment de bonheur simple.

Nuit au golf d'Ozu - Ozu

Alors que j’enfourche le velo pour me lancer a l’assaut de l’asphalte, se reveille une douleur apparue la veille dans ma jambe gauche. J’adopte la philosophie du « tu serres les dents et tu la boucles » qui tiendra jusqu’au retour a Kobe, une dizaine de jours plus tard, sans que la douleur ne diminue. Elle se fera d’ailleurs plus lancinante au fil des jours.

Il pleut. Je suis trempe et j’apercois a peine la route a travers mes lunettes embuees. Mon avancee est laborieuse. Les montagnes alentour semblent prises dans un epais nuage de vapeur d’eau qui change de forme en permanence, s’adaptant au relief. Je m’arrete en bord de mer pour dejeuner, a l’abri de la pluie. Mon refuge se trouve etre deja occupe par un etrange personnage a cote d’un tricycle aussi charge qu’un mulet. L’homme fait partie des nombreux pelerins qui parcourent l’ile en cette periode de l’annee.

Shikoku abrite en effet 88 temples dont la visite constitue un pelerinage essentiel pour les japonais les plus croyants. Les pelerins font leur chemin a pied ou a velo la plupart du temps. Tout de blanc vetus, ils portent egalement sur la tete un chapeau tresse en forme de cone cylindrique. La popularite du pelerinage et la beaute des temples attirent egalement de nombreux touristes etrangers qui se joignent aux pelerins, avec cependant des aspirations differentes. Il s’agit d’un pelerinage long de pres de 1200 km, soit un a deux mois de voyage.

Mon homme n’est cependant pas un pelerin comme les autres. La cinquantaine passee, cela fait 38 ans qu’il arpente le Japon dans le but d’en visiter ses temples (pas tous car il s’agirait probablement d’une tache sans fin). La lourde charge sur son tricycle (et le tricycle lui-meme avec ses roues fatiguees et aplaties) constitue son seul bien materiel. Comment mange t-il ? Ou dors t-il ? Cela depend de la chance du moment et de l’aide providentielle que lui fournissent les personnes croisees en chemin. Avant qu’il ne se presente et ne m’explique sa situation, j’ai déjà partage avec lui ma maigre pitance et nous discutons tranquillement tout en machouillant. Et dire qu’on me traite parfois de fou a cause du voyage que j’ai entrepris… Je vois que dans le domaine de la folie je ne suis encore qu’un novice ! Apres manger la pluie a cesse. Avant de reprendre la route, nous nous gratifions mutuellement d’un gambatte et d’un kiotsukete (bon courage et prends soin de toi) charges d’un certain entendement pour nos aventures respectives.

Le pelerin le plus endurant du monde! - Shikoku

Il ne me faut pas attendre longtemps avant que la pluie reprenne, cette fois avec des allures de veritable tempete. Je trouve abri sous un porche ou un homme m’offre gentiment une boisson a la vue de ma mine abattue. A la premiere accalmie, j’enfourche a nouveau ma fidele monture a deux roues et pedale jusqu'à Sukumo ou je m’arrete pour la nuit. Je partage mon abri avec un autre pelerin a bicyclette qui ecoute patiemment la radio dans sa tente. Ce dernier, a la retraite, voyage sur un velo des plus banal (la plupart des velos au Japon sont faits pour la ville, ne comporte que quelques vitesses et ne permettent meme pas de gravir une simple cote) et a entrepris son troisieme pelerinage pour prier pour la bonne sante de ses enfants et petits-enfants. Le lendemain je partagerai mon petit-dejeuner avec lui. A croire que j’etais destine a venir a Shikoku pour nourrir tous les pelerins a velo croisant ma route…

Hotel avec vue sur la mer - Shikoku  Compadre - Shikoku

Le cap d’Ashizuri, le cap sud ouest de l’ile, n’est plus qu’a 60 km. Je m’autorise donc une boucle d’une trentaine de kilometres pour aller visiter Kashiwa jima (jima signifiant ile), une ile situee a la pointe d’une protuberante peninsule pointant vers l’ouest et Kyushu. L’eau y est d’un bleu transparent et les falaises a pic qui ornent les rivages de la peninsule et de l’ile laissent sans voix. Je continue ma route le long de la cote qui continue a me proposer un paysage de falaises escarpees, d’amas rocheux semi-immerges et de petits ports de peche desertes par les bateaux, deja en mer depuis de nombreuses heures. Ainsi, j’arrive en milieu d’apres-midi a Tosa Shimizu ou je suis cense m’arreter pour 2 ou 3 jours chez Arthur, un ami anglais rencontre un mois et demi plus tot a Ishinomaki alors que nous pataugions conjointement dans la boue.

Y'en a encore un qui resiste a la mer! - Shikoku  Falaise dans le brouillard - Shikoku

Hiroshima mon amour

Hiroshima, un nom aux accents particuliers. Nous l’avons tous appris a l’ecole et nous savons tous ce qui s’y est passe ; la premiere ville a avoir ete detruite par une bombe atomique. Pourtant, cela demeurait un evenement flou dans ma tete, un simple fait marquant la future reddition du Japon lors de la Seconde Guerre Mondiale. Or, ce fut bien plus que ca, ce fut un traumatisme inegalable par son atrocite et paradoxalement un evenement qui marqua l’entree d’un Japon belliqueux dans une ere de paix.

Ce jour la, je viens d’arriver en ville et je me dirige vers le parc Heiwakinen, endroit abritant le musee dedie a la destruction d’Hiroshima par la bombe atomique le 6 aout 1945. Le parc abrite egalement de nombreux monuments en hommage aux victimes. Il est situe a l’endroit ou fut larguee la bombe. On peut y voir le Dome-A, un des seuls batiments qui resista a la puissance destructrice de la bombe qui rasa la quasi totalite de la ville dans un rayon de 2 km.

Troubadours vagabonds - Hiroshima  Dome A - Hiroshima  Where is the butterfly? - Hiroshima

En ce dimanche apres-midi, les classes se succedent au pied du monument dedie aux enfants d’Hiroshima et en particulier a Sadako Sasaki, petite fille morte d’une leucemie quelques annees apres le largage de la bombe A. Pendant son hospitalisation, elle avait pris pour habitude de realiser de petites grues en papier (origami) dans l’espoir d’accelerer sa guerison. Apres sa mort, les petites grues de Sasako devinrent un symbole international de paix.

Monument aux enfants d'Hiroshima  Chorale face aux monument aux enfants d'Hiroshima  Grues en papier - Hiroshima

Le musee est particulierement interessant. Il retrace les evenements qui ont conduit au largage de la bombe, il decrit les conditions de vie avant et apres la bombe, presente de nombreux objets de l’epoque et milite clairement en faveur de la paix. Il offre une vision objective des enjeux politiques et economiques a l’epoque de la guerre et ne fait pas de concession. Dans mon cas, j’etais obsede par la double question : « Pourquoi avoir largue la bombe ? » et « Pourquoi Hiroshima ? »

A la premiere question, la reponse est simple. Les Etats-Unis avaient depenses 2 milliards de dollars en moins de 3 ans dans le projet Manhattan et necessitaient une justification a de telles depenses. Quoi de mieux qu’une utilisation spectaculaire du « produit » pour affirmer que cela en valaient la peine ? D’autre part, c’était un moyen de couper court a la volonte de l’URSS d’entrer en guerre contre le Japon et de gagner encore en prestige. A la seconde question la reponse est moins evidente. Hiroshima avait toujours été une ville militaire jusque la, avec un fort potentiel industriel et une ouverture sur la mer tres propice a la mobilisation de navires.  Cependant, entre autres raisons strategiques, elle fut choisie car elle avait la particularite de ne pas avoir de camp de prisonniers de guerre. Si je dois un jour endurer une guerre, et je souhaite de tout mon cœur que cela n’arrive pas, je recouvrirai mon toit de prisonniers sans oublier un seul cm2.

Corps mutile apres explosion de la bombe - Hiroshima  Vue de la ville surplombe par la boule de feu produite par la bombe quasi immediatement apres impact - Hiroshima

Je me ballade encore un peu dans Hiroshima avant de finalement rencontrer Tomohiro qui a accepte au dernier moment de me recevoir pour deux nuits. Il m’entraine dans un restaurant du centre ou je goute a la specialite locale, l’okonomi yaki. Il s’agit d’une sorte de crepe recouverte de legumes, de viande et d’un œuf. Le tout est prepare sur une enorme plaque de plusieurs metres en quelques minutes. C’est extremement savoureux et ca me change des mes sandwichs au thon engloutis les deux derniers jours.

Apres manger, nous recuperons Thibault sur le chemin du retour, un second couchsurfer qui vient lui aussi de France. Thibault est un passionne du Japon et a bosse plusieurs mois dans le seul but de pouvoir voyager pendant trois mois dans le pays de ses reves. Bien qu’il affirme le contraire, il parle tres bien japonais et en connait long sur la culture du pays. Il n’a que 21 ans mais a déjà un cœur de voyageur endurci avide de connaissances et de nouvelles decouvertes. Tomohiro nous mene dans son appartement ou nous degustons une bonne bouteille en echangant sur nos vies respectives. Tomo a lui une trentaine d’annees et revient recemment de deux annees aux Etats-Unis, a Detroit. Bien qu’ingenieur de formation, il est aujourd’hui analyste financier.

Le lendemain, je me rends en velo a Miyajima, un ile au sud ouest d’Hiroshima abritant le temple d’Ikutsushima. Je profite des bons conseils de Thibault qui a fait la visite la veille et me prepare un parcours aux petits oignons. La particularite du temple est sa porte de 16 m de haut sujette aux fortes marees qui sevissent sur l’ile. Le point culminant de l’ile est le mont Misen qui offre une vue superbe sur les iles alentours et Honshu. Pas de chance pour moi, ce jour la un fin brouillard traine aux alentours… La nature de l’ile est aussi incroyable et les daims a moitie sauvage qui la peuplent n’en sont qu’un exemple parmi d’autres.

Porte a maree haute - Miyajima  Porte a maree basse - Miyajima

Sleepy deer - Miyajima  Jolie foret - Miyajima  Drole de divinite... - Miyajima

Bouddha et ses petits - Miyajima

En fin de journee, je retourne fourbu a Hiroshima. Pourtant la soiree ne fait que commencer. Je me suis propose comme assistant pour Thibault, apprenti « self-made chef » qui nous prepare un gratin de son cru. Nous devons bien cuisiner entre 2 et 3h et le resultat est assez surprenant. Tomo va croire que tous les francais cuisinent aussi bien apres ca… En tout cas, ca a une autre touche que mes crepes ! Tomo nous offre une excellente bouteille de vin ce soir la pour nous remercier.

Thibault et Tomo avec au centre le pokemon creposucre - Hiroshima

“Tomo, thanks a lot for your hospitality and your kindness ! Keep some wine for next time!”

Je reste la matinee suivante pour profiter d’une connexion internet trop rare au Japon et pour discuter un peu avec Thibault que je conviens de voir le lendemain a Mihara.

« Merci pour le titre du film Thibault, pour la cuisine fine, pour tes interessantes conversations et pour le reste ! »

Roulez jeunesse!

A peine 5 minutes sur le velo et je suis deja trempe! Ca promet une agreable journee… Je parcours le meme chemin que la veille pour me rendre a Kobe et longe ensuite la cote. Les premieres impressions sont bonnes malgre la pluie. Le velo roule bien, les vitesses sont faciles a utiliser, les freins sont impeccables, les pneus bien gonfles. La difficulte est d’arriver a gerer le poids a l’arriere (pres de 30 kg tout confondu) qui desequilibre le velo et freine mon avancee.

Grosse desilusion pres d’Akashi, a 10 km de Kobe, puisque je ne peux emprunter le pont qui me menerait vers l’ile d’Awaji d’abord et l’ile de Shikoku ensuite. Le pont abrite une autoroute payante et pas moyen de passer outre. Alors que je me fais litteralement doucher, je decide de poursuivre dans la direction d’Hiroshima et d’aborder Shikoku par son extremite ouest dans quelques jours.

En fin de journee, je m’arrete a quelques kilometres de Kakogawa. Pas question de passer la nuit en tente avec ce temps et je me mets a la recherche d’un abri. Apres une breve recherche, un centre pour personnes agees accepte de me laisser dormir sous le porche a l’entree du centre. Merci les gars, a l’interieur ca m’aurait pas deplu non plu mais on fera avec… On m’offre quand meme une tasse de cafe 1h30 apres mon arrivee, comme quoi y sont pas si inhospitaliers dans ce centre. Pas la peine de vous dire que rien ne seche cette nuit la et que je repars dans le meme etat le lendemain. La pluie se fait plus fine et l’avancee se fait moins penible.

Le velo c’est finalement une affaire de chiffres. Je suis tout le temps soit en train de surveiller mon kilometrage, soit de verifier l’heure ou le temps entre deux points ou encore de changer en permanence de vitesse (je suis en 2-5, ok ca roule – ah, une montee, on passe en 2-4, 2-3, 2-2 – finalement, elle est raide, il me faut du 1-2 – vite, la redescente en 2-2, 2-3, 2-4, 2-5, 2-6 – ca reprend en faux plat, 2-5 – etc…). Le velo, ca fait aussi souffrir. De ma condition de backpacker au dos fatigue, je suis passe a celle de cycliste aux genoux douloureux, au fesses en compote, au dos casse et au cou raide. M’en fiche, je vais avoir de gros molets et un super bronzage digne des coureurs du tour de France !

Le deuxieme soir, j’atterris aux environs d’Okayama. Comme la veille, je me mets a la recherche d’un abri. Un homme m’indique un terrain vague apparemment utilise comme parking. Je plante la tente a cet endroit car trop fatigue pour chercher une alternative. Une fois que tout est prêt, l’homme reapparait pour me dire que finalement ce serait mieux un peu plus loin car sa femme ne veut pas de moi ici. Apres 100 bornes a velo sous la pluie et un plantage de tente laborieux, je ne me sens pas tres patient lorsqu’on m’annonce ce genre de bonne nouvelle. De mauvaise humeur, je demenage donc et maudis ces japonais du sud qui ont tout oublie de leur traditionnel omotenashi seishin.  Je suis enfin dans ma tente, humide, fatigue et de mauvaise humeur, lorsque j’entends un faible « Hello » a l’exterieur. Je degage ma tete de mon cocon et me trouve nez a nez avec un homme affuble d’un parapluie. Il habite a cote, m’a vu plante la tente pres de chez lui et me propose gentiment de venir camper sous son porche. Quel dommage, j’ai perdu toute volonte de bouger une fois encore et refuse poliment son offre, ce qui est vraiment une premiere pour moi. Nous echangeons quelques mots et il me souhaite ensuite bonne nuit tout en retournant chez lui. Peu apres, le voila qui revient avec ses deux fillettes. Il vient m’apporter des onigiri (boule de riz) et une boisson et me propose egalement une miso shiru. Quel bonheur de voir que j’avais desespere trop vite ! Je me rends donc chez lui pour deguster la soupe de miso de sa charmante femme et pour les remercier. Le lendemain, je m’en vais les remercier une nouvelle fois avant de lever le camp et j’ai droit a un cafe chaud et de nouveaux vivres.

La journee s’annonce cette fois ensoleillee et je benis ce changement de climat. Je continue ma route traversant la campagne japonaise et de temps a autre une grande ville. Tout se ressemble par ici. Beaucoup de forets mais aussi un environnement urbain tres present. Chaque entree de ville presente les memes similitudes : une zone industrielle suivie d’une zone commerciale puis finalement du centre ville avec ses quartiers residentiels en peripherie et son hypercentre. Cependant, les villes japonaise possedent une particularite : l’agriculture urbaine. De nombreux espaces sont dedies a l’agriculture au sein meme de la ville. Aucune parcelle n’est laissee a l’abandon et tout le monde cultive.

En fin de journee, j’arrive finalement a Onomichi, porte vers l’ile de Shikoku a laquelle je reviendrai dans quelques jours. Dans l’immediat, je poursuis vers Hiroshima. C’est aussi la premiere fois depuis Akashi que je vois la mer de pres et le temps se prete parfaitement a l’observation des nombreuses iles qui font face au port. Je pousse jusqu'à Mihara ou j’echoue sur une plage a la sortie de la ville. J’avais d’abord tente de camper sur la propriete de Mitsubishi, le plus gros constructeur de navires du Japon, avant qu’un employe de l’entreprise ne m’amene jusqu'à cette somptueuse plage. Le lever de soleil a 5h du matin est un spectacle de toute beaute.

Port d'Onomichi  Port d'Onomichi  Islands - Hiroshima ken

Je poursuis ma route vers Hiroshima par la cote. La mer interieure du Japon compte des dizaines d’iles a cet endroit, la vue depuis mon velo est epoustouflante maintenant que j’avance sous un soleil radieux. La zone est aussi une zone industrielle dediee a la construction et la reparation de bateaux. A la fin de la journee, je depasse Kure et m’enfonce dans la montagne pour un dernier arret avant Hiroshima. Je campe pres d’une chute d’eau completement isolee de la ville. J’y fais evidemment trempette sous les yeux offusques du Bouddha. Rhoooo, aucune pudeur les jeunes d'aujourd'hui!

islands - Hiroshima ken  sur la plage abandonnee, coquillages et crustaces...  Petit navire

Elle est froooooide! - Kure  Bouddha veille... - Kure

Une derniere nuit requinquante et j’arrive a Hiroshima la matinee suivante.

Viens donc faire un tour a Kobe

J’ai une seule et unique raison de venir a Kobe, je viens y chercher un nouveau moyen de locomotion. Yudai, un ami rencontre a Ishinomaki, m’avait propose d’emprunter son velo pour decouvrir Shikoku et la mer interieure du Japon. Ma route m’a mene a Kobe, ou habite Yudai et sa famille, et je vais donc profiter de cette opportunite. J’ai souvent voulu savoir a quoi cela pouvait ressembler de voyager en velo pour quelques temps apres avoir rencontre tant de cyclistes en Amerique du Sud. Les gros avantages sur ces derniers est que le climat au Japon est en ce moment idyllique et aussi que je m’apprete a circuler en bord de mer, et donc a eviter les zones de haute montagne.

J’ai une nouvelle fois recours a Couchsurfing en la personne de Yoichi pour m’heberger. Yoichi vit dans les montagnes a l’exterieur de la ville et me recoit dans sa grande maison ou il vit seul avec Blue, son adorable labrador. Yoichi est retraite mais suit des cours d’anglais et de psychologie a l’universite, assez impressionnant. Il me recoit avec toute la deference caracteristique de l’hospitalite japonaise et m’offre un succulent repas typique de la region dont j’ai evidemment oublie le nom.

Yoichi & Blue - Kobe

Le lendemain, apres un copieux petit-dejeuner laisse aux bons soins de Yoichi, ce dernier me depose en centre-ville alors qu’il se rend a l’universite. Je me rends chez Yudai pour recuperer ma monture. Le velo rouille tranquillement a l’exterieur de l’immeuble de Yudai depuis que celui-ci est parti avec le Peace Boat en tant qu’interprete. J’ai le code du cadenas et je m’accapare de la bete. Il s’agit d’un beau velo de route tout equipe (sacoches, retroviseur, pompe, materiel pour reparer) qu’il ne me reste qu’a enfourcher apres une breve revision technique. Le temps est a la pluie et je dois me forger un chemin a travers les gouttes pour visiter le centre-ville de Kobe. Je me rends egalement sur les docks ou l’on peut encore apercevoir des reliquats du tremblement de terre de 1995 qui avait ravage la ville.

Un tremblement de terre ca laisse des traces... et des fissures! - Kobe

En fin de journee, il est temps de rentrer. Je pedale mes premiers 20 km de montagne et arrive trempe chez Yoichi. Je suis vite reconforte par la cuisine de ce dernier qui prepare une pierrade a la japonaise (yaki niku). C’est delicieux et le shochu a la fin du repas facilite la digestion. Yoichi m’enseigne ensuite le shogi, les echecs japonais. La grande difference avec les echecs occidentaux est la possibilite de reutiliser les pieces prises a l’adversaire. La grande difficulte fut pour moi dans un premier temps de reconnaitre les pieces ; elles ont toutes la meme forme , seuls les kanji ecrits sur le dessus et le dessous des pieces different. Je me suis fait battre a plate couture, vous imaginez bien.

Succulent yaki niku - Kobe  shogiboard - Kobe

Le lendemain, c’est le grand depart. Le temps est encore maussade mais ca semble aller. J’ai appris dans la nuit que Peace Boat avait refuse ma candidature. J’imagine qu’ils se sont finalement rendus compte que m’engager comme professeur comportait des risques etant donne que je n’en suis pas un. Je ne peux pas leur donner tort… Alors que Yoichi m’abandonne pour ses cours, j’harnache mon velo. La pluie se met a tomber drue et je maudis le typhon qui sevit au sud du pays en ce moment. Le temps se deregle par sa faute. Je poursuis donc l’aventure a velo a defaut d’en bateau, mais c’est toujours une histoire d’eau…

“Domo arigato Yoichi ! I hope to see you when I come back to Kobe in one month !”

Pret a partir - Kobe

En guise de supplement et de piqure de rappel sur la situation au nord est du Japon, Bastamag a publie mon texte sur Ishinomaki, revu et corrige par Sophie Chapelle d’AlterEchos :

http://www.bastamag.net/article1524.html

Kyoto l'imperiale

Depuis l’aire d’autoroute ou je suis depose je dois rejoindre le centre-ville pour aller visiter les fameux temples de Kyoto. Enfin, c’est la naive idee que j’ai en tete en arrivant la-bas… Apres avoir marche a l’aveuglette une bonne demi-heure, je demande betement a une jeune fille dans la rue ou se trouvent « les fameux temples de Kyoto ». Meme sous son masque de protection je vois se dessiner un sourire, « quels temples ? » me demande t-elle. Evidemment, Kyoto fut la capitale imperiale du Japon pendant plus de mille ans, a quoi je m’attendais… Alors qu’elle m’indique comme elle peut le chemin a prendre pour aller visiter le temple le plus proche, je poursuis ma route. Peu apres, de nouveau perdu, je vois arriver une jeune fille en velo qui me fait des signes de la main. C’est la meme fille qui m’apporte une carte de Kyoto avec en apparent tous les sites touristiques de la ville et les reseaux de transports publics. Je la remercie grandement, elle s’incline humblement et s’en va sans un mot de plus. Kyoto, tu es deja dans mon cœur.

Grace a ma belle carte, j’arrive finalement au pied du Fushimi-Inari taisha. J’ai choisi ce temple parmi les nombreux de la ville car il possede une particularite : un chemin parseme de milliers de portes qui mene vers le sommet du mont Inari. Ces portes representent les dons faits par des entreprises et des entrepreneurs du pays en quete de bonne fortune pour leur commerce. Le chemin menant vers le sommet est long et pentu ; mais la marche a travers les bois a l’ombre des arbres et des portes qui sont parfois si resserrees qu’elles forment comme un mur, est un vrai plaisir. Pour la plupart des personnes presentes, il s’agit d’une curiosite touristique. Pour d’autres, il s’agit d’un pelerinage et ceux-la ne manqueront pas d’aller prier devant un des tres nombreux autels situes au sommet du mont. Faire l’offrande d’une porte miniature est egalement de coutume.

D'un autre temps... - Kyoto  Takusan torii - Kyoto  Takusan torii - Kyoto

Autel au dieu Inari - Kyoto

Je ne quitte le temple qu’en debut d’apres-midi pour me rendre en metro dans le parc central de la ville. Outre le fait que le parc abrite le palais imperial, il est aussi un endroit privilegie pour les kyotoites souhaitant echapper aux bruits de la ville et se retrouver en plaine nature. Kyoto, comme beaucoup de villes japonaises, est une ville verte ou coulent plusieurs rivieres dont les cours sont toujours harmonieusement agences.

En fin de journee, je me rends au domicile de Yuki, mon jeune hote Couchsurfing a Kyoto. Il a 19 ans, il vit dans un tres petit appartement mais n’hesite pas a recevoir des voyageurs des quatre coins du monde pour avoir une ouverture sur d’autres cultures et pratiquer son anglais. Dans la soiree, nous allons nous promener sur le campus de son universite ou il etudie l’economie. Etudes interessantes pour un esprit interessant et particulierement mature pour son jeune age. En tout cas, ca va lui faire du boulot s’il veut que le monde tourne un peu plus rond qu’actuellement…

Alors que Yuki etudie le lendemain, je m’attele a l’ascension du Daimonjin, une montagne sacree des alentours de la ville ou est celebre un festival chaque annee. Ce festival consiste a allumer de grands feux sur cinq montagnes autour de Kyoto afin de permettre aux esprits des aieux en visite sur Terre de rejoindre le monde des esprits. Chaque feu represente soit un kanji soit une forme. Celui du Daimonji est le kanji pour « grand ». Nous sommes dimanche et le chemin menant au sommet est plein de randonneurs de tous ages. Une fois en haut, la vue sur la ville est prenante et l’endroit est parfaitement propice a un pique-nique et a une sieste digestive, ce qui me convient parfaitement.

Yuki studying and eating banana - Kyoto  Kyoto sunset

Je retrouve Yuki dans l’apres-midi pour la visite d’un musee sur l’histoire de la ville et d’un enieme temple dans le nord de la ville. Le soir nous conjuguons nos talents de cuistots pour nous mijoter un repas franco-japonais. Et non, je n’ai pas fait de crepes mais du poulet aux herbes et legumes. Je m’en vais le lendemain alors que Yuki prend le chemin de l’universite.

“Yuki, arigato gozaimashita ! Nato to gohan, hummm, oishi desu ah ah ! Totemo orechi kata !”

Avant de commencer le stop vers Kobe, je vais visiter le palais imperial en debut de matinee. Dans le parc je fais la connaissance de Mohammad Khazaei, un artiste iranien de passage dans la ville. Tres amical, il me presente ses etonnants tableaux et ses autres travaux. Je me fais un ami inattendu en cette belle matinee de printemps et j’obtiens mon premier contact pour le Moyen-Orient alors que je suis encore a des milliers de kilometres de la !

Le parc central de Kyoto est propre a la meditation  Mohammad, his paintings and his huuuuge camera! - Kyoto

Le palais imperial est ensuite une veritable apologie de la beaute dans la sobriete. De nombreux batiments impressionnent par leur simplicite et la richesse de leurs peintures et sculptures sur leur structure. Un jardin extraordinaire par son organisation, ses couleurs et sa quietude se trouve a l’extremite est du palais. Cependant, les nombreuses exigences du titre d’empereur (qui n’exercait pas le pouvoir, cela etant reserve au Shogun a partir du 12e siecle), la plus haute figure de la religion Shinto et tete de l’etat japonais, ne me font pas envier sa place.

Kyoto's Imperial Palace  jardin imperial - Kyoto  Weird painting... - Kyoto

En fin de matinee, je me lance finalement dans le stop pour Kobe. Apres quelques errements en ville pour trouver un endroit acceptable, j’arrive a me faire embarquer par un couple dans la cinquantaine revenant d’une sorte de lune de miel. La communication est difficile, mais j’arrive neanmoins a me faire deposer en fin de journee juste devant la porte de mon futur hote a Kobe, Yoichi.

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