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ARGENTINA

El pais donde la religion es el futbol y Dios es Maradona!

Vamos a Chile una vez mas!

Le samedi matin, Maxi m'emmene a 50 km du centre de BsAs, dans la zone industrielle de Pilar. C'est la-bas que se trouve le camion de Luis qui doit m'emmener a Mendoza. Pourquoi Mendoza? Qu'ai-je encore en tete? Ne serait-ce pas le moment de dire adieu a l'Amerique Latine et d'enfin entreprendre la suite du voyage en Asie? Sans doute, mais j'ai un probleme: ma tentative d'embarquement avortee a Ushuaia en direction de l'Antarctique ne m'a apparemment pas suffi. Apres avoir converse avec quelques capitaines de voiliers a Ushuaia, j'en ai retire une information importante: la plupart de ces voiliers remonte sur Puerto Montt (cote Pacifique chilienne) avant d'aller explorer les iles du sud du Pacifique et l'Asie du sud-est. La saison s'etend de mars a fin avril. Pourquoi ne pas aller y tenter ma chance? Je ne suis pas presse et je peux facilement me donner un mois ou deux pour essayer de me faire embarquer comme equipier. 

Me rendre au Chili represente donc le premier pas. Avec Luis, j'arrive a Mendoza dans la nuit du samedi au dimanche apres un voyage abrutissant de 900 km au milieu des plaines du centre de l'Argentine. Je passe la nuit chez Luis qui m'installe dans son salon tandis que lui rejoint sa femme et ses trois petits garcons dans sa chambre. Nous ne sommes pas exactement a Mendoza mais a Santa Rosa, au milieu des vignes et des "bodegas" (lieux d'elaboration et de production du vin) et l'environnement est extremement tranquille et relaxant. Luis m'annonce qu'aujourd'hui il va chez un ami avec sa famille pour un "pollo al disco" (poulet prepare au feu de bois dans une grande marmitte plate avec ajout de nombreux legumes et, au choix, du vin, de la biere ou du cidre pour faire mijoter le poulet en question). Quand je lui dit qu'apres six mois en Argentine je n'en ai encore jamais mange il m'invite evidemment a le suivre. Resultat, en deux temps trois mouvements je me retrouve chez Carlito (qui vit a San Martin), au milieu d'une trentaine d'invites, pour l'anniversaire du beau-fils. Nous sommes tous dans le large jardin, la chaleur est etouffante, mais lorsqu'on est assis a l'ombre a siroter un vin de la region agremente de quelques glacons, tout va tout de suite mieux! 

Pollo al disco con cidra - Mendoza  Domingo en la casa de Carlito - Mendoza

J'etais cense m'esquiver dans l'apres-midi pour entamer le stop vers la frontiere chilienne. Seulement, je commence a etre habitue aux changements de plan et c'est evidemment ce qui s'est passe. La compagnie de tous ces gens, dont la plupart travaille dans la bodega d'a cote, est tres agreable. J'apprends des choses sur le processus d'elaboration du vin et sur les conditions de travail dans les bodegas argentines. Mars est la pleine saison et le travail est continu jusqu'en mai a raison de tours de 12h par jour. Pas facile! La presence d'un francais globe-trotter a la tablee fait aussi des emules et l'ambiance est bon enfant. Avec Luis, nous sommes les derniers a partir. Il est pres de minuit et nous devons dormir dans le camion pour etre a l'heure pour charger le lendemain. 

Apres une chaude nuit dans le camion, je me retrouve a petit-dejeuner avec les mecaniciens de l'entreprise de fret de Luis avant d'etre finalement depose sur la route de la frontiere chilienne par Manuel, un collegue de Luis. J'ai une vue superbe sur la cordillere des Andes avec en premier plan de verts champs de vignes attendant impatiemment les vendanges. Quelques rides successifs et j'arrive enfin a Las Cuevas vers 21h. Las Cuevas est la partie argentine de la frontiere et se trouve a 3200m d'altitude, juste au pied de l'Aconcagua, la plus haute montagne des Andes qui culmine a pres de 7000 m. Il fait un peu frais par ici et je me refugie dans un abri de l'epoque de l'independance argentine. Servant autrefois de refuge aux messagers traversant les Andes, ce soir la il permet a un nouveau voyageur de dormir au chaud.

Cordillera desde Mendoza  Abrigo en la cordillera - Las Cuevas  Caminando hasta la frontera chilena en Los Andes

Reveil a l'aube pour un extraordinaire lever de soleil sur la montagne. Marche rafraichissante de quelques kilometres pour joindre la partie chilienne de la frontiere. Et facile negociation avec un routier nomme Alex qui m'emmene jusqu'a Los Andes, au pied de la montagne. Mon dernier ride jusqu'a Valparaiso s'effectue a bord de la Hyundai d'Alejandro, entrepreneur avise qui me decrit avec passion son pays. C'est drole comme chaque nouvelle entree dans un pays me voit me confronter a LA personne qui connait par coeur son pays et qui n'attend qu'une chose: partager cette connaissance!

J'ai laisse derriere mois l'Argentine pour la derniere fois crois-je a cet instant... Il s'agit de mon treizieme passage de frontiere dans ce pays (entrees et sorties) en environ six mois. Je vais surement devoir changer de passeport dans peu de temps a cause de ca... Je viens de passer d'un ocean a un autre en quatre jours et me trouve maintenant au bord du Pacifique ou le temps est bien plus doux qu'a Buenos Aires. A Valparaiso je dois revoir mon ami Istok avant de foncer vers Puerto Montt pour ma lubie maritime.

Buenos Aires, las murgas y la joda!

Me voila donc de nouveau a Buenos Aires, la geante capitale de l’Argentine avec ses 13 millions d’habitants. Ce n’était pas vraiment ce que j’avais prevu mais mon ami Maxi avait si bien su attiser ma curiosite a propos du fameux carnaval local de « murgas », que j’ai finalement atteri dans la megalopole.

Je loge donc chez Maxi en compagnie de ses parents, Jorge et Claudia, qui m’accueillent comme leur propre fils. D’ailleurs le frere aine de Maxi est en voyage donc ca tombe bien ! Maxi habite Villa Ballester, un des quartiers au nord de la ville et donc loin du centre et relativement tranquille. Ici, rien a voir avec l’architecture ou la vie stressante du centre-ville ; tout y est calme et les pates de maisons succedent aux pates de maisons. C’est un vrai dedale et essayer de retrouver son chemin s’avere un veritable exercice memoriel !

J’arrive un samedi, pile pour une premiere murga a Campana, une ville a 80 km du centre de Buenos Aires mais neanmoins encore rattachee a l’enorme tissu urbain. Je m’y rends avec Maxi et ses amis murgueros. Une rue entiere est coupee pour laisser place au carnaval. Une murga se compose d’un groupe de percussions et d’un groupe de danseurs. Selon la murga, la musique et la danse sont aussi accompagnees de chants et de discours plus ou moins engages. C’est ce qui a valu aux murgas d’etre interdites sous la dictature militaire argentine… Chaque murga appartient a un quartier. Ce sont les gens du quartier qui s’organisent eux-memes pour preparer les costumes, hauts en couleurs, et les representations artistiques. Tout le monde peut participer sans restriction d’age, de sexe, de milieu social, etc. C’est un formidable moyen d’apporter de la joie dans les quartiers defavorises et de canaliser l’energie creative des enfants. Bien que des ateliers se deroulent toute l’annee dans les divers quartiers, le carnaval a lui lieu entre fevrier et mars.

Ce premier soir a Campana, j’assiste donc, entre deux rangs de badauds venus assister au spectacle, a ma premiere murga. Quel sens de la fete ! Quel rythme ! Quelle joie je lis sur tous les visages ! Ces gens vivent leur passion et n’ont qu’une envie : la transmettre au plus grand nombre. La danse est tantot organisee, tantot libre. Ce qui est sur, c’est que chacun se donne a fond au rythme des tambours ! Beaucoup de jeunes adultes mais aussi des gens plus ages et surtout plein de jeunes pousses, parfois a peine sorties de la poussette. La fete m’enchante et je ne suis pas mecontent de remettre ca le lendemain dans un quartier proche de Villa Ballester, quartier  tres mal fame aux dires de Maxi. Peu importe qu’il soit mal fame puisque la fete prend a nouveau place et que chacun oublie ses soucis l’espace de quelques heures pour se consacrer seulement a la musique et a la danse !

Murga en Bilingurst - BsAs  Murga en Campana - BsAs  urga en San Andres - BsAs

Maxi insiste pour que je reste jusqu’au samedi prochain pour assister a « sa » murga. Je ne peux refuser et je reste donc. Maxi a encore une semaine de vacances avant de reprendre les cours et je passe donc une grande partie de mon temps avec lui. Il me presente a ses amis, me fait part de ses (nombreux) projets associatifs ou creatifs, m’emmene dans les endroits sympas de son quartier, etc. Je passe ainsi une semaine relativement relax ou je suis completement pris en charge par Claudia qui s’est mis en tete de me faire prendre du poids. « Y’en a qu’ont essaye, y z’ont eu des problemes ! »

Cumpleano del abuelito - BsAs  Plaza 25 de Mayo - BsAs  El murguero loco!

Vient enfin le grand soir de la murga de San Andres/Villa Ballester. La murga de Maxi a reussi a rassembler cinq murgas differentes ce soir la et deux groupes de musique. Le carnaval dure de 18h a 2h du matin jusqu'à ce que la pluie ne vienne mettre un terme a la fete. Pour l’anecdote, la pluie fut torrentielle et je me suis retrouve a pousser l’auto de Maxi dans une rue transformee en riviere, avec de l’eau jusqu’aux genoux ! Digne d’un film hollywoodien !

Nous passons le dimanche a recuperer de la murga et de notre session de natation urbaine avant d’enchainer sur une nouvelle semaine. Ensuite, le lundi, je donne une petite conference a la Faculte d’Ingenierie. Comme a Ushuaia, les vacances et les examens mettent a mal mon taux d’audience, et je me retrouve a faire une conference directement sur le Notebook avec trois jolies filles de la Fac. Ce n’est pas pour me deplaire finalement… Le soir, je rejoins Maxi a la « Bomba de tiempo » (Bombe de temps) pour une soiree d’improvisation de percussions tout a fait surprenantes au milieu de centaines de jeunes se mouvant a l’unisson au rythme des djembes. Encore une fois, je suis sous le charme des « portenas », les habitantes de Buenos Aires. Tout a la fois malheureuses victimes de la mode et sans nul doute les filles les plus sophistiquees d’Amerique Latine, elles preservent neanmoins un charme naturel et une coquetterie qui laissent reveur.

La Bomba de Tiempo - BsAs

Alors que je suis cense partir le lendemain, Maxi arrive a me convaincre de rester pour aller assister a un match de foot de son equipe favorite. River Plate ? Boca Juniors ? Non, Argentinos Juniors ! Apres tout, je ne pouvais quitter le pays de Maradona sans aller me recueillir dans le stade ou il fit ses debuts… D’ailleurs, le stade porte maintenant son nom. Le vendredi je suis enfin prêt a partir. Ah, encore un faux depart finalement puisque un ami camionneur de Maxi peut m’emmener jusqu'à Mendoza le lendemain. Je profite de ma journee pour assister Maxi dans sa realisation de lutins. En effet, depuis peu, mon ami s’est mis a la realisation de lutins artisanaux qu’il vend lors de ses voyages. A la fin de la journee j’ai donc mon propre lutin qui me suivra lors de mes peregrinations. Il se nomme Simio (Singe), pour des raisons que j’expliquerai peut-etre dans mes memoires…

Dale Argentinos! - BsAs  Duendes! - BsAs  Mi duende Simio - BsAs

Ce soir, derniere soiree avec Maxi et depart demain. J’espere…

J’ai passe presque deux semaines a Buenos Aires et j’ai a nouveau été gate par l’hospitalite argentine. Maxi et sa famille m’ont recu comme un invite de marque et je n’oublierai jamais l’attention que chacun d’eux m’a porte.

“ Claudia, Maxi, Jorge, muchisimas gracias por su alegria y su simpatía! Fue un placer infinito quedarme en su casa y disfrutar de la cocina de Claudia! Sucia, cuidate y cuida a tus viejos, y intenta alcanzar el estado de lobo, sucio simio! “

Jorge, Claudia y Maxi - BsAs

You’re a supersonic man, aren’t you?

Enfin! Ma derniere visite a la DGR est la bonne! Le lundi, je me rends au bureau au bout de la rue San Martin, slalomant entre les touristes au pas nonchalant et les locaux absorbes par leur routine quotidienne. J’ai les papiers necessaires, personne ne me fait de problemes supplementaires et on m’aide meme a remplir ce fichu programme informatique auquel je ne comprends rien. Je passe ainsi mes deux dernieres heures a la DGR en esperant ne plus jamais avoir a y mettre les pieds.

Le reste de la journee, je le passe a saluer les amis (encore une fois) et a m’organiser pour le depart du lendemain. Une derniere soiree arrosee, une tres courte nuit et un reveil difficile avec la gueule de bois, et me voila a la sortie de la ville a faire du stop. Drole de sensation de quitter ce lieu qui m’était devenu si familier. J’y avais des amis, je m’y etais trouve un travail fixe, j’y dormais (plus ou moins) au meme endroit chaque soir et j’avais appris a apprecier Ushuaia avec ses bons et mauvais cotes. Je sentirais presque de la nostalgie…

Mes pensees melancoliques s’effacent lorsque s’arrete Angel dans son camion et la realite de l’instant present fait a nouveau surface. J’arrive rapidement a Rio Grande et, alors que je marche vers la sortie de la ville, je me permets un court arret afin d’aller saluer la famille Baracchi qui m’avait recu trois mois auparavant. A 14h je suis finalement de nouveau au bord de la route a jouer du pouce. Quatre heures de stop en plein vent et dans le froid austral ne suffisent pas a me faire embarquer. Je renonce en me disant que tout vient a point a qui sait attendre. Pour le coup, j’irai « attendre » dans ma tente ou je recupererai de ma nuit passee. Je me reveille a l’aube, pour le lever de soleil au-dessus de la mer glaciale de la Terre de Feu. La maree est basse, les mouettes piaillent en tournoyant furieusement au-dessus de ma tente. Vos gueules les mouettes, la mer est basse !? Hum, les mouettes argentines ne doivent rien comprendre a l’humour francais…

Playa en Rio Grande

A 7h, je me retrouve a nouveau a lutter contre le vent. Finalement, une voiture s’arrete. J’apprends que mon bon samaritain se rend a Neuquen, a pas moins de 2000 bornes de la ! J’avais encore plusieurs idees d’itineraires dans la tete avant ca, et d’un coup ma destination se revele d’elle-meme : j’irai jusqu'à Buenos Aires ! Mon ami Maxi, rencontre au Perou et revu a Ushuaia, m’y a invite pour assister aux « murgas » et m’initier a ce carnaval peu connu des touristes. Je monte a bord et salue Claudio avec qui je m’apprete a effectuer ce long trajet. Ce dernier vient d’achever un travail pour une compagnie petroliere et rentre chez lui. L’air debonnaire, tres relax et communicatif, Claudio me met tout de suite a l’aise et le courant passe facilement entre nous. Nous arrivons a la premiere frontiere de San Sebastian et nous embarquons un autre auto-stoppeur : Martin. Etudiant d’anthropologie a Buenos Aires, il connait par le plus grand des hasards mon ami Maxi avec qui il etudie. Extraordinaire coincidence quand on sait que la capitale compte plusieurs millions d’habitants !

Claudio, Martin y yo cruzando el estrecho de Magallanes

Le voyage se deroule tranquilement dans une ambiance de franche camaraderie que l’etat d’esprit argentin ne manque jamais d’instaurer. Second passage de frontiere pour finalement revenir en Argentine apres ce court episode chilien, avec traversee du detroit de Magellan incluse. A l’epoque du conflit entre le Chili et l’Argentine pour l’occupation de la Terre de Feu, le Pape aurait quand meme pu s’arranger pour laisser un acces direct aux argentins depuis le continent, sans avoir a passer chez leurs voisins chiliens. Sans compter qu’ils se detestent generalement et que les passages de frontiere ne sont jamais tres agreables dans ce coin la.

Un fois a Rio Gallegos, Martin nous quitte pour continuer sa route vers El Calafate. Quant a Claudio et moi, nous remontons a toute allure vers le nord du pays en longeant la cote Atlantique. Nous croisons peu de villes jusqu'à Comodoro Rivadavia. Le paysage est celui d’une pampa aride aux teintes orangees avec l’apparition sporadique du bleu fonce de l’ocean a l’est. Nos seuls compagnons sont les guanacos et les nandus qui pullulent au bord de la route, parfois pour leur plus grand malheur… Nous nous arretons quelques instants a Comodoro Rivadavia afin de me permettre de saluer la famille Martinez qui m’avait recu il y a quatre mois déjà puis nous nous enfoncons dans la nuit, engrangeant a nouveau les kilometres. A 1h du matin, vaincus peu a peu par le sommeil, nous nous arretons dans l’unique village situe entre Comodoro Rivadavia et Trelew, distant de 150 km de chacune des deux villes. La nuit est etoilee, l’air est chaud et nous ne tardons pas a nous endormir, affales dans les sieges avant de la Ford Ranger de Claudio.

Nouveau reveil a l’aube. L’horizon se pare d’un bandeau de lumiere rosacee tandis qu’au-dessus de ma tete les etoiles scintillent toujours. La beaute des levers de soleil dans la pampa ne cesseront jamais de regaler mes yeux. Nous passons au large de Trelew (desole Julien, pas eu le temps de te saluer, et de toute facon tu etais surement encore en train de baver sur ton oreiller a cette heure la !) et faisons une halte a Puerto Madryn pour rendre une visite au frere de Claudio. Pas de chance, il est en voyage, et nous repartons donc sans plus attendre. Je conduis jusqu'à Las Grutas tandis que Claudio prend un repos bien merite. Nouvelle halte dans cette station balneaire branchee, situee dans la baie au nord de la peninsule de Valdes. Rapide visite a la famille de Claudio en vacances ici, et nous allons ensuite faire trempette et manger un bout avant de repartir. La plage est belle, l’eau est chaude et la chaleur est relativement supportable. Je comprends le succes de ce lieu qui commence a etre victime du tourisme de masse.

Playa en Las Grutas

Encore quelques centaines de kilometres, ou j’observe enfin un verdissement du paysage et l’apparition de quelques arbres, et nous arrivons a Choele Choel ou me depose Claudio. Je viens de battre mon record de kilometrage avec le meme vehicule, environ 2000 km ! Je quitte Claudio apres une franche embrassade tandis que ce dernier s’en va vers l’ouest. De mon cote, je me prepare pour le stop. La chaleur me tue et le soleil fait virer mon pale visage au rouge en un rien de temps. Quelle difference avec Ushuaia ! Ici l’ete ressemble vraiment a l’ete !

Je n’attends qu’une heure avant que Julio ne me prenne dans son camion. Il m’annonce qu’il se rend a Olavarria, en plein milieu de la province de Buenos Aires et de la pampa humide. Julio est un jeune camionneur qui vient de se lancer avec son frere dans le transport de fret. Nous passons Bahia Blanca alors que tombe la nuit et je reste muet face a cette maree lumineuse qu’est le premier port du pays dans l’obscurite. Malgre le mate, qu’en tant que copilote je sers avec enthousiasme, je tombe de sommeil et tente malgre tout de faire la conversation a Julio pour me rassurer en pensant que ca lui evitera de nous envoyer dans le decor. A 2h du matin nous sommes a Olavarria. Nous stationnons a la fabrique de ciment ou Julio doit decharger les tonnes de pierres blanches qu’il transporte dans la matinee. Nous dormons dans le camion d’un sommeil lourd.

Le lendemain, le frere de Julio qui vit en centre-ville nous rend visite. Vient ensuite le moment de decharger le camion et j’aide alors Julio dans cette tache besogneuse. Nous ne quittons la fabrique qu’a midi. Julio, qui vient de recevoir l’ordre pour sa prochaine destination, me propose alors de me deposer dans sa ville, a Chivilcoy, ou il passera la nuit. J’accepte et il ne nous reste plus qu’a charger le camion, de sacs de ciment cette fois, avant de reprendre la route. Nous attendrons jusqu'à 18h. Le temps de manger un bout, de prendre une douche, de faire une sieste et de partager une nouvelle fois le quotidien de mes amis camionneurs. Le camionneur a beau etre macho, rustre, souvent peu eduque et parfois tres penche sur la boisson et la misogynie, il reste tres attachant, genereux et parfois meme sage. Je crois qu’a ce jour je pourrais ecrire un recueil sur les us et coutumes des camionneurs d’Amerique !

Julio y Ruben frente al Scania

Il est 22h, nous arrivons a Chivilcoy. C’est l’anniversaire du petit frere de Julio et le traditionnel asado est déjà prêt. Vient s’ajouter le Fernet Coca a la nourriture et le typique tableau du repas argentin est complet. La coutume veut que le garcon fetant ses 18 ans ait la tete rasee par ses amis et cette soiree ne fait pas exception. Il est déjà 2h, Julio insiste pour sortir, vendredi soir oblige. Fourbu, j’accepte avec reticence d’aller descendre une biere dans un bar du centre. A mon plus grand desarroi, Julio est inarretable ce soir-la et parvient a me trainer au « boliche ». Le bonhomme est marie, sa femme travaille d’ailleurs ce soir la a quelques pates de maisons de la boite de nuit, mais ca ne l’empeche pas d’aller solliciter les trois quarts des filles du club avec l’objectif tres clair de finir avec l’une d’entre elle pour une nuit de sexe sauvage. Mouais… Vers 5h30, j’arrive finalement a lui annoncer, entre deux verres de Fernet, que je m’en vais et je rentre a pied rejoindre son camion ou je m’affale trois heures afin de me reposer.

Au petit matin, revient Julio qui a finalement obtenu ce qu’il voulait, et il m’accompagne a la sortie de la ville pour ma derniere seance de stop avant la capitale. Place dans une station service ombragee au personnel sympathique, mon exercice de stop s’apparente a une tranquille matinee d’été passee a discuter avec de vieux amis. Arrive finalement un 4x4 flambant neuf dans lequel se trouve Martin et ses deux enfants qui acceptent de me mener jusqu'à la capitale. Le trajet de deux heures avec cet homme cultive et curieux, aux racines tres diverses et a l’histoire peu banale, finit d’achever cette session de stop de quatre jours, pittoresque et riche en rebondissements, qui m’aura fait parcourir plus de 3000 km en moins de cinq jours !

Cerise sur le gateau, Martin me propose de dejeuner avec lui dans la semaine et me depose prêt de chez Maxi sans oublier d’insister pour m’offrir a manger avant de nous quitter. Je ne sais pas ce que me reserve la suite de mon voyage mais je sens que je vais regretter le sens de l’hospitalite argentin…

Ciao Ushuaia!

Suite et fin (?) de mes aventures dans le labyrinthe de la bureaucratie argentine. J’ai finalement reussi a passer outre les 45 jours d’attente de reception du CUIT et j’ai finalise mon inscription a l’AFIP. Evidemment, il y a toujours un fonctionnaire qui vous dit blanc tandis qu’un autre vous dit noir, vous entrainant ainsi d’un etat d’abattement extreme a celui d’espoir de voir enfin le bout du tunnel de cet imbroglio administratif.

L’obstacle de l’AFIP passe, je m’attaque a la DGR. Mes deboires avec l’AFIP m’ont servi et j’ai anticipe la demande habituelle de documents. Pas de chance, vient s’ajouter un logiciel a la paperasse. Je mettrai plusieurs jours a remplir un formulaire informatique obscure grace a l’aide du comptable de mon employeur.  J’ai enfin mon statut de « monotributista ». Premiere victoire ! Je me fais rapidement un talon de facturation a mon nom, operation qui pourrait comporter son lot d’humour en d’autres circonstances, et je fais ensuite LA facture essentielle a mon employeur pour eviter l’amende de l’AFIP. Il s’agit en fait de faire passer mes heures de service au restaurant comme un service d’une entreprise exterieure finalement facture trois mois apres. Ou en bref, comment legaliser un service illegal sous couvert d’un statut reconnu mais inadequat a ma situation de simple employe. On est en Argentine, ne cherchez pas a comprendre…

Francia y Argentina, misma lucha! - Ushuaia

Il s’agit maintenant de me debarrasser de ce statut si je ne veux pas accumuler des impots dans un pays que je souhaite quitter sous peu. Facile, il me suffit de recuperer le « libre de deuda » (litteralement « libere de toute dette ») dans une annexe de la mairie et de me diriger avec le precieux sesame a la mairie meme cette fois. Une fois la bas, je dois obtenir le justificatif fiscal qui me permet enfin de pretendre a la declaration de la Mairie stipulant que je n'exerce aucune activite commerciale , document qui m’autorisera a redevenir simple vagabond sans attache, fiscale ou de quelque autre nature. A noter que je suis bloque jusqu’au lundi puisque, compte-tenu de leurs emplois du temps surcharges, ces messieurs dames de la DGR ne peuvent realiser l’operation qui me concerne que les lundis et mercredis. Au secours, le monde est fou ! Je partirai donc le mardi 08 fevrier, enfin j'espere...

A part ces deboires administratifs, je suis passe a un cheveu de m’embarquer pour l’Antarctique lorsque, grace a une amie philippinienne travaillant sur un de ces enormes bateaux de croisiere visitant regulierement Ushuaia, j’ai reussi a avoir une entrevue avec le sous-commandant du Cleyra. Cet autrichien longiline et aimable me recoit et m’informe qu’il a besoin en urgence d’un serveur. Parfait, je suis maintenant un serveur experiemente et aguerri ! Seul hic, une tonne de papiers est necessaire pour s’embarquer sur ce type de bateau et contourner la paperasse semble plutôt complique dans ce cas la. « Je dois contacter mon employeur a Monaco et je t’appelle demain pour te confirmer ton embarquement » m’informe t’il finalement.

Alors que je fais la queue a l’AFIP le lendemain matin en attendant qu’on s’occupe de mon cas, je recois l’appel tant espere mais la nouvelle n’est pas a la hauteur de mes esperances. La compagnie a refuse pour des raisons de securite ou de sante. Bref, une raison obscure liee a des problemes de paperasses. Je fais alors appel a ce moment la a tout mon self-control pour ne pas maudire l’ensemble des administrations publiques et prives du monde entier. Le plus drole est que j’avais du dire au revoir a plusieurs amis la veille dans l’hypothese de mon depart puisque je n’aurais pu les saluer par la suite…

Falsa partida... - Ushuaia  Asado en la pension - Ushuaia

Enfin, ma deception passee, je me reconcentre sur la presentation proposee a l’Alliance Francaise d’Ushuaia. Apres plusieurs jours de preparation, arrive finalement le grand jour et je suis chaleureusement recu par Stephane, le directeur de l’AF. Ce jour-la se pointent finalement trois peles et un tondu pour assister a « l’evenement ». A titre de comparaison, organiser une telle rencontre a cette periode de l’annee en Argentine pour des etudiants de francais reviendrait a essayer de regrouper des cadres d’EDF pour une reunion extraordinaire en plein mois de juillet. Je comprends donc le manque d’affluence. Neanmoins, l’experience fut tres interessante et j’espere pouvoir la renouveler aussi souvent que possible.

Conferencia a la Alianza Francesa - Ushuaia

Vient enfin le moment de dire au revoir atout le monde. D’abord les amis au cours d’une soiree arrosee et placee sous le signe de la salsa, la cumbia et autre quartetto. Puis, les collegues de boulot pour lesquels je suis alle jusqu'à cuisiner des gateaux. Mon amie Teresa ne m’a d’ailleurs pas cru quand j’ai dit qu’ils etaient de moi, puisqu’en trois mois a Ushuaia mes performances culinaires n’avaient pas depassees l’œuf sur le plat… Quelques visites a des voiliers en transit dans le port, une rando par-ci, un foot par-la, une visite quotidienne a la DGR, etc., me permettent de patienter en attendant de quitter la ville.

Pasteles! - Ushuaia

Maintenant, j’ai les pieds dans les starting blocks ; je dois encore regler certains details de paperasseries et je file ensuite vers le nord par l'aride cote atlantique de l'Argentine, loin des splendides paysages de la Terre de Feu.

Atardecer en Ushuaia  Arcoiris - Ushuaia  Vista desde el Cerro del Medio - Ushuaia

Vos papiers s'il vous plait!

A l’aube de cette annee 2011, j’ai enfin eu la plaisante surprise de me familiariser avec l’administration argentine. Depuis le temps que j’en revais !

Je regrette parfois d’etre trop honnete par nature, ca m’attire souvent des ennuis… Le jour ou l’AFIP (Administracion Federal de Ingresos Publicos) est venu a mon lieu de travail pour un control de routine ne fait pas defaut a la regle. Travaillant evidemment « au black » depuis debut novembre (ce n’est pas de la mauvaise volonte mais la somme de papiers demandee par le service d’immigration argentin m’avait rapidement ôté toute velleite de regulariser ma situation), l’AFIP ne m’a laisse aucune chance ce jour-la. Enfin si, une, celle de mentir sur ma date d’entree dans le restaurant en rajoutant que je ne suis qu’a l’essai. Je n’ai pas saisi cette opportunite. Que les moralisateurs qui appuient qu’il faut toujours preferer la verite au mensonge aillent precher ailleurs !

Bref, la seule alternative qui me restait a partir de ce moment la était donc de regulariser au plus vite ma situation sous peine d’une tres grosse amende pour mon employeur. Premier detour par le service d’immigration ; apres de nombreux pourparlers,  j’apprends qu’il existe finalement un accord entre la France et l’Argentine qui me permet de travailler 90 jours dans le pays grace a une note speciale sur le passeport, realisee par la douane. Il s’agit de mon seul sauf-conduit car il me serait impossible de regrouper les documents exiges en peu de temps dans le cas contraire. Resultat, le lendemain, je me fais remplacer au boulot et part en voiture avec mon employeur et sa femme jusqu'au poste frontiere de San Sebastian… a 350 km d’Ushuaia. Apres une journee agreable en voiture a travers tantot la montagne, tantot le « paramo » borde par une mer agitee, nous revenons finalement en fin de journee a Ushuaia avec le precieux sesame obtenu non sans difficulte aupres de douaniers bornes mais neanmoins sympathiques. Ce soir la, je camperai au parc national pour un asado au grand air.

Le debut de la semaine suivante, qui marque mes derniers jours en tant que  « serveur du bout du monde », s’engage alors une course a l’obtention de mon droit de travail en sol argentin. Le lundi je passe a l’ANSES (Administracion Nacional de la Seguridad Social) afin de me créer un CUIT (clee d'identification fiscale). Une photocopie par ci, un coup de tampon par la, je ne m’en sors pas trop mal. Le mardi je passe a l’AFIP afin de prendre connaissance des besoins de ces gentlemen pour me delivrer le statut de « monotributista » qui devrait me permettre de « blanchir » ma situation. J’ai donc encore besoin d’un certificat de domicile ratifie par la banque de mon proprietaire ainsi qu’un acte notarial permettant de confirmer le dit document. Heureusement, grace a l’aide de Daniel, mon employeur, ces papiers sont obtenus rapidement et je me presente a l’AFIP de nouveau le lendemain. Surprise ! Au moment de l’inscription, j’apprends qu’il me manque encore une autorisation ecrite par le service d’immigration et un certificat de domicile de la police locale pour pouvoir completer le processus. Je me charge donc d’obtenir ca le lendemain et de retourner a nouveau voir les tetes connues des gens de l’AFIP. Tout est en ordre a premiere vue. Seul petit probleme, l’ANSES n’a pas encore integre mon CUIT au système et l’ecran prehistorique de mon interlocuteur de l’AFIP affiche froidement « contribuyente no existente » ! Bon, retour a l’ANSES pour regler le probleme. Probleme qui semble tout a fait normal pour eux puisque, apres creation du CUIT, le delai avant l’integration au système de securite sociale peut atteindre 45 jours ! Je suis donc bloque en attendant…

Bilan, je vais sans doute devoir faire une procuration a mon employeur pour qu’il se charge de finaliser l’inscription aupres de l’AFIP et qu’il aille ensuite voir la DGR (Direccion General de Rentas) qui se chargera de me faire payer des impots et de mettre fin a cet interminable processus admistratif. Moi qui pensait que l’administration francaise était compliquee…

Je suis evidemment passe sur les heures de queue dans les divers etablissements visites, les discussions enlevees sur les rouages de l’administration argentines et mes courses entre les differentes institutions. Une veritable mise en scene kafkaienne…

A part ces petits desagrements, ma vocation de serveur s’est achevee le week end du 22 et 23 janvier. Je m’attache maintenant a preparer une presentation pour l’Alliance Francaise d’Ushuaia (grand jour le 29 janvier) et a profiter un peu de mon temps libre dans la ville. Depart d’Ushuaia prevu pour le 02 fevrier avec le nord en ligne de mire si aucun changement ne survient.

En bref...

Depuis peu j’ai l’etrange sensation de me faire aspirer dans le rythme infernal d’une vie citadine, sedentaire avec a la fois, et paradoxalement, son lot de labeur et de frivolite.

J’ai fait un choix, celui de me sedentariser quelques mois pour souffler un peu, de m’integrer pleinement a la vie autochtone et, accessoirement, de me permettre de renflouer les caisses pour la suite du voyage. Il se trouve, par le plus grand des hasards, que je suis arrete a quelques 1000 km de la pointe nord est du continent blanc et evidemment l’occasion est trop belle pour ne pas essayer d’en profiter. Je tente donc ma chance regulierement aupres de la marina et des voiliers en partance pour l’Antarctique et je ne manque jamais de glisser un mot a un contact sur un paquebot ou un bateau de croisiere pour augmenter mes chances de faire du bateau-stop, avant ma remontee vers le nord du continent americain. Du moins c’était l’idee jusqu'à il y a peu…

Entraine par le rythme du travail et des regroupements nocturnes (ou diurnes mais tardifs, en rapport avec la duree du jour a cette latitude) avec la belle bande d’amis que j’ai eu la chance de rencontrer ici, j’ai l’impression de reproduire le schema d’une existence que j’avais fui un certain mois de septembre 2009. Je finis la journee sur les genoux (10 a 11h de boulot physique non-stop) et profite de mes soirees pour partager de bons moments avec Maria, Teresa, Mauricio, Juan, Yvan, Rolando, Corinne, Fredo et bien d’autres. Ce n’est pas pour me deplaire mais pendant ce temps-la l’illusion de l’Antarctique s’eloigne petit a petit.

Arriba de nuestro barco abandonado, frente al mar y con sol! - Ushuaia  Entrado al PN gracias a Teresa! - PN tierra del Fuego  Bonita playa en Ushuaia!

L’entree dans 2011 s’est fait de manière laborieuse puisque j’ai travaille jusqu'à 5h du matin le soir du reveillon apres avoir servi pendant plusieurs heures des couples, des familles, des amis venus feter la nouvelle annee autour d’un riche repas et de bonnes bouteilles de champagne. Reproduction a l’identique de ma soiree de la veille de Noel… Experience interessante cependant qui fait prendre la mesure de cette chance que j’avais eu jusqu'à maintenant de passer ces fetes en famille ou avec mes amis, ou bon me semblait et de la manière que je souhaitais.

Navidad con los companeros de trabajo - Ushuaia

Quelle chance de pouvoir se dire : « tout ceci est temporaire ; je suis la parce que je l’ai decide et si je veux m’en aller je n’ai qu’a franchir le seuil de la porte ! » Je pense a mes collegues de travail qui n’ont pas forcement cette chance.  En tout cas, c’est donc ce que je m’apprete a faire apres avoir accompli mon objectif de me poser jusque fin janvier, puisque le 23 du meme mois je m’arreterai de travailler et profiterai d’une dizaine de jours supplementaires a Ushuaia, libre de toute obligation cela va de soi, avant de reprendre la route.

« La vie n’est pas un restaurant mais un buffet, levez-vous pour vous servir » scandait Dominique Glocheux en son temps. Je crois qu’il est temps pour moi d’arreter la diete et de retrouver mon appetit, un feroce appetit.

Atardecer en Ushuaia, extraordinario!  Atardecer en Ushuaia, estupendo!

Ah, et pour l’anecdote, je suis passe le 31 decembre dans le « journal du bout du monde » (Diario del fin del mundo), ce qui consiste en ma deuxieme experience de ce type apres Trujillo au Perou. 

En el diario del fin del mundo! - Ushuaia

Un jour dans la peau d’une mouette voyageuse en transit au bout du monde

Le reveil - ou plutôt ma fidele montre a quartz a dix balles acquise chez Decathlon un an et demi plus tot - emet son petit cri strident devenu si familier ce dernier mois. Il est 6h15, j’ouvre les yeux, ou du moins je tente selon la lourdeur de mon sommeil dependant directement de la fatigue accumulee lors de la soiree precedente. Le soleil est déjà haut et ma chambre est inondee d’une pale lumiere blanche. Bien sur, nous sommes en été a Ushuaia, le soleil ne se couche pour ainsi dire jamais. Le 21 decembre, jour du solstice d’été, la nuit ne dure pas plus de 3 ou 4h. Meme a ce moment la l’obscurite n’est jamais totale, une faible lueur pointe toujours le bout de son nez a l’horizon.

Allez, se lever, se trainer jusqu'à la douche et essayer de s’arranger pour ressembler a quelque chose avant de filer au boulot. Je choisis precautionneusement ma tenue du jour dans ma garde robe de « mochilero » composee de 4 tee-shirts, un pantalon, une polaire et de quelques sous-vetements uses. Heureusement que je porte un uniforme sur mon lieu de travail, autrement mes collegues (et mes clients) me prendraient pour un sans-le-sou ! Je sors de la pension ou je suis recu en tant « qu’invite extraordinaire » et marche dix minutes pour arriver au restaurant Philadelphia ou m’attend Claudia, la receptionniste de nuit, déjà en train de preparer le cafe. Ce matin le soleil est de sortie, petit plaisir appreciable quand on connait le taux de pluviometrie a Ushuaia. Cela me permet egalement d’avoir une belle vue sur le canal de Beagle et l’ile Navarino et ses montagnes enneigees tandis que je descends en trombe la rue du General Rosas. Ca y est, j’atteins la rue San Martin et jette un dernier coup d’œil au port ou s’amoncellent des voiliers des quatres coins du monde a l’ecart des enormes cargos et bateaux de croisiere. Ushuaia est aussi bien un carrefour de touristes fortunes que de marins aventureux apres tout.

Calle en Ushuaia

J’y suis, il est 7h, j’enfile mon costume de scene et m’affaire a preparer le dejeuner-buffet des clients de l’hotel au-dessus du restaurant. Les gestes sont déjà ceux d’un vieil habitue, le travail s’est transforme peu a peu en un rituel dont la routine est attenuee par la diversite des visages qui se presentent a moi chaque jour. La realisation du cycle servir, debarrasser, laver, essuyer, ranger devient presque automatique. Un cafe par ci, un jus d’orange par la, un sandwich a ma droite, un croissant a ma gauche, voila qui me sort de ma routine. Avant midi j’ai juste le temps de nettoyer la salle consecutivement d’un coup de balai et de serpillere avant de mettre le couvert. Jusqu'à maintenant ma solitude n’était trompee que par la presence d’Alejandra, la receptionniste de jour, et des femmes de chambre, Reina, Julietta et Marjo. A l’heure du dejeuner arrive Andres, le cuisiner, dont les racines colombiennes se notent facilement lorsque ce dernier vous interpelle d’un « huevon » ou d’un « parse » bien caracteristique de son pays.

J’espere que les clients vont affluer aujourd’hui. Entre journee creuse et journee pleine je choisis journee pleine. J’y fais toujours des rencontres et cela me permet de gagner quelques pesos de plus par le biais des pourboires. Seul point noir, je suis souvent oblige de raconter mon histoire sans fin. Rapidement, un dialogue type ressemblerait sensiblement a ca :

-          T’as un drole d’accent mon gars, t’es pas d’ici, pas vrai ?

-          Je suis francais.

-          Et de quel coin en France ?

-          Paris.

-          Aaaaah, Paris ! Belle ville hein ?

-          Sur. (Si j’ai un peu de temps je developpe generalement…par politesse)

-          Mais, bon Dieu, qu’est ce que tu fous la l’ami ?

-          Je travaille ca se voit pas… (Apres cette blague de mauvais gout, j’enchaine sur l’histoire de mon voyage qui evidemment ne laisse pas insensible. Ou s’ensuit alors une suite de questions toutes plus banales les unes que les autres ou mon interlocuteur commence a me submerger d’un flot de paroles incessant tout a fait typique de l’argentin moyen et je dois alors trouver un moyen astucieux de m’en debarrasser.)

Bien, quelques tables sont occupees et je jongle entre la cuisine et les clients. Les argentins sont friands des escalopes milanaises, des sandwichs et des frites, faciles a contenter. Les touristes sont plus portes sur le poisson ou une bonne viande accompagnee d’un bon vin. A 16h, alors que le cuisinier a déjà rendu son tablier, je sers les derniers clients et me prepare psychologiquement a laver la vaisselle du jour. La releve arrive et je quitte enfin la salle pour passer a la plonge. Je profite du premier moment libre qui se presente pour dejeuner a mon tour.  J’essuie le dernier verre et prend enfin conge de tout le monde, apres 17h en general.

Commence alors la partie « non programmee » de la journee. J’irais bien a la bibliotheque a deux pas d’ici mais j’ai peur de m’endormir sur le livre de Borges que j’ai recemment attaque. Ah, mais n’ai-je pas un cours de francais a preparer pour mes amis colombiens, venezueliens et argentins ? Non, pas avant demain. Et la petite brune rencontree aujourd’hui au restaurant, ne m’a t-elle pas donne rendez-vous pres de la jetee pour aller visiter la laguna Esmeralda ? Vu le temps, je doute qu’elle ne sorte aujourd’hui… La prison? Non, je l'ai visite il y a une semaine, ses murs froids et ses fenetres etroites m'avaient fortement marques. Je vais aller faire un tour pres des voiliers, malgre la bruine la lumiere est belle et j’aurais peut-etre l’opportunite de discuter avec quelques marins pour un eventuel voyage vers l’Antarctique. D'ailleurs j'ai cru comprendre que le Tara etait a Ushuaia, allons rendre visite a ces aventuriers de la mer. Le vent ne se fait presque pas sentir aujourd’hui et la temperature est agreable, probablement autour des 12°C. Le bateau de peche noir et blanc echoue depuis des annees dans le port n’a toujours pas bouge, les mouettes se laissent porter par le vent leger de fin d’apres-midi, je fais parti du lot.

En el presidio... - Ushuaia  Corridor oscuro y frio del presidio - Ushuaia  Tara - photo du site web Tara Oceans

Anochecer sobre Ushuaia (eran las 23h!!)

Apres avoir deambuler sans but jusqu’au debut de la soiree, je me joins a quelques amis pour partager une petite biere. La soiree risque de se prolonger on dirait ; au choix : cuisine internationale, soiree cine, discussions en tous genres, ecumage de bars (generalement celui ou je travaille vu que l’ambiance y est bonne et que je ne paye pas mes consommations…), improvisation imaginative, etc.

Bar improvisado en un barco abandonado - Ushuaia

Je rejoins finalement mon antre bien trop tard, j’aurais encore du mal a me lever demain, un mardi. Mince, qu’est que ca sera samedi ? Je serai encore tellement fatigue que j'aurais la flemme de mettre le pied dehors...

Ushuaia, a la croisee des chemins

J’entame ma quatrieme semaine a Ushuaia. Nous sommes a l’aube du mois de decembre 2010 et d’un nouveau noel passe loin de ma famille et de mes amis. L’etat d’esprit est cependant au beau fixe et ma situation quelque peu differente de l’annee derniere. Arrete pour quelques mois afin de collecter quelques pesos (j’aurais prefere des euros vu le taux de change) et faire un bilan de mi-parcours, je me rends compte que j’ai acheve une etape et je suis maintenant en pleine maturation de la suivante. L’idee initiale de filer vers l’Asie par la suite est plus que jamais d’actualite. Dans combien de temps ? Par quel mode de transport ? Depuis ou et apres quelles nouvelles peripeties en Amerique Latine ? Bueno, tout ca reste a voir…

En attendant quelques mots sur Ushuaia la mythique, la legendaire, l’inatteignable ! A vrai dire, pour moi ce serait plutôt Ushuaia la controversee. Mon opinion est que la ville patit d’une expansion fulgurante due au tourisme. Cette expansion a engendre la venue de nombreux travailleurs tous azimuts qui n’hesitent pas a raser les bois de lengas (arbre local) et a s’installer sur les flancs des montagnes bordant la ville. Ainsi, des quartiers se forment a partir de rien et ne ressemblent finalement…a rien. On assiste en effet a la construction d’habitats faits de bric et de broc sans gestion des eaux usees, sans système de recuperation des dechets (ou au mieux inefficaces), avec le gaz gratuit (subventionne par l’etat) ce qui evidemment n’engage pas a une conscience environnementale pointue et des rues de terre qui se transforme rapidement en boue lors de chutes de neige. Quant au centre, concentre autour de la rue San Martin, il n’offre rien de transcendant mis a part des boutiques exposant des vitrines remplies de peluches de pingouins ou de tee-shirts affichant fierement la devise de la ville : « Ushuaia, fin du monde, debut de tout ! » En gros, tourist-land version fin du monde… J’ajoute a cela que la zone industrielle est aussi laide que ses milliers de semblables, qu'elles appartiennent a la France, le Perou, la Thailande ou la Nouvelle-Guinee.

la zona industrial puede ser bonita cuando quiere... - Ush

Heureusement, le tableau est loin d’etre aussi noir puisque les environs de la ville sont superbes. La vue depuis les hauteurs de la ville sur le canal de Beaggle peut etre epoustouflante lorsque le soleil perce les nuages pour illuminer parcimonieusement l’eau grise de l’ocean Atlantique. Les montagnes ne sont pas impressionnantes de par leur hauteur mais leur relief laisse tout simplement reveur et il est dur de s’arracher a leur contemplation. Les forets de lengas sont envoutantes et lors d’une promenade dans les bois on s’attend a tout instant a tomber nez a nez avec un elfe ou encore un lutin qui surgirait de la verdoyante mousse qui recouvre chaque coin de terre. La foret est jonchee de bois mort qui donne au lieu un aspect de delabrement charmeur et de nature indomptee. La faune et la flore s’apparentent a celles de la Patagonie de la cordillere. Je n’en dirais pas plus et j’invite les plus curieux a aller se renseigner sur les lions de mer, les castors, les pingouins, les hongos del indio, les lengas ou les coihues pour ne citer qu'eux. Au sein d'Ushuaia, la jetee et la marina sont aussi des endroits tres agreables ou se promener. Un vieux bateau echoue sert precisement de lieu de rencontre ou descendre quelques mousses apres le travail et echanger des souvenirs de voyage a l’image de vieux briscards.

canal de beaggle - Ush  laguna esmeralda - Ush  cerro olivia y cinco hermanos - Ush

bosque de lengas - Ush  Our boat! - Ush

Malgre mon peu de temps libre, j’ai malgre tout reussi a explorer un peu les environs par l’entremise de quelques ballades bucoliques.

Le temps a Ushuaia est egalement quelque chose de fascinant. Imaginez un endroit ou les 4 saisons se succedent en un seul jour : du froid ciel bleu azur le matin lorsque je m’en vais travailler, on passe ensuite a la pluie fine et aux gros nuages gris-noir qui annoncent une chute de neige qui est ensuite remplacee par le retour du soleil, haut et chaud cette fois, et une eventuelle brise qui se transforme parfois en rafales glaciales. Nous sommes ici presque en ete, cependant attribuer une saison a cet endroit unique qui possede son propre micro-climat n’a, selon moi, aucun sens.

En ce qui concerne ma petite vie a Ushuaia, les premieres semaines ont été plutôt remplies. Mon travail de serveur/plongeur/aide cuisinier/caissier/homme de menage est particulierement instructif sur le domaine de la gastronomie que je n’avais jamais frequente. Il existe par ailleurs nombre d’exigences dans la restauration que je n’aurais jamais soupconne ; a part ca mon seul probleme est ma grande gourmandise qui me pousse a piller les reserves de nourriture de la cuisine. Cependant, je lutte ferocement contre mes instincts carnassiers pour eviter de me faire jeter dehors pour « appetit insatiable ». Sans doute une faute professionnelle grave dans ce metier… Mes collegues de travail sont plutôt sympathiques et j’ai bien été integre a l’equipe. J’ai maintenant assimile la routine du boulot et mes 60h de travail hebdomadaires, dimanches exclus, ne me fatiguent plus autant que les premiers jours.

En 3 semaines j’ai eu l’occasion de changer 4 fois de logement et je suis maintenant dans la maison de Liliana, une femme adorable et incroyablement energique qui me loue une chambre pour une misere. L’avantage de n’avoir qu’un sac a dos pour seul bagage est la rapidite de mes demenagements…

La particularite d’Ushuaia est d’etre la ville la plus au sud du continent americain. Cette particularite attire un grand nombre de voyageurs (et de touristes dont la majorite, et je m’en excuse, ne comprennent pas le sens de ce que cela signifie puisqu’ils arrivent directement de Buenos Aires apres 2h d’avion) qui, une fois sur place, ne peuvent aller plus au sud et restent donc ainsi quelques temps en ville. Pas plus au sud ai-je dit ? A voir… Il se trouve qu’avec mes amis russes nous avons eu l’opportunite de rencontrer une sommite dans le « vagabondage comme philosophie de vie », Juan Villarino, dont j’avais lu le recit des aventures au Moyen-Orient lorsque j’etais au Perou. Le bonhomme revenait tout simplement de 10 jours en Antarctique aux frais de la princesse apres avoir reussi a se faire prendre en stop sur un bateau de croisiere ! Chapeau ! Ce fut une belle reunion d’auto-stoppeurs au long cours entre George et Anastasia et leurs 19 mois de voyage, Juan et Laura, tous deux voyageurs inveteres et experimentes, qui entament un trajet Antarctique-Groenland et moi-meme qui en suis tout de meme a 15 mois de peregrinations. Je cite les temps de voyage mais la maniere importe bien plus, a retenir jeunes voyageurs en herbe !

Hitch-hikers summit! - Ush

Outre cette belle rencontre, j’avais déjà mentionne Patrick, un jeune auto-stoppeur de l’extreme venu tout droit des States (on lui pardonne, c’est pas facile a porter) et qui tente d’accumuler quelques pesos en travaillant ici comme boulanger. J’ai egalement retrouve des amis colombiens rencontres a Bariloche ;ces derniers restent travailler a Ushuaia et je les croise donc souvent. Une amie de Mendoza, Valeria,  egalement venue remplir les bancs des travailleurs temporaires d’Ushuaia. Un orchestre de jeunes bouddhistes « portenos » (terme attribue aux habitants de Buenos Aires) dont la philosophie de vie ressemble etrangement a celle du « mochilero » a l’esprit avise et ouvert sur le monde. Une sociologue bresilienne parlant un francais impeccable et connaissant Grenoble et Paris sur le bout des doigts. Le destin est joueur… Et enfin, beaucoup de francais qui me permettent de me rememorer la langue de Moliere que j’oublie peu a peu par manque de pratique, beaucoup d'argentins toujours aussi sympathiques et bien d'autres.

Orquesta Vanguardia Ikeda tocando - Ush  Caminata al glaciar Martial - Ush

Mes amis russes ont finalement quitte la ville et entament leur voyage du retour vers le Canada, je leur souhaite bonne chance et un bon voyage. Les uns s’en vont, les autres restent ; cela semble etre le credo de cette ville a la croisee des chemins…

Locos vagabundos rusos, pero bueno, son mis amigos... - Ush

Primera semana en Ushuaia

J’entre dans la station YPF pour me proteger de la neige et tenter de joindre Juan-Manuel, mon contact a Ushuaia. Entre alors un jeune vagabond avec pancho sur les epaules et sac sur le dos, je me vois dans un miroir… Patrick est americain et a quitte son Texas natal il y a un an environ. Depuis il arpente les routes de l’Amerique Latine sans but precis. Il voyage en stop evidemment et dort plus souvent a l’exterieur qu’a l’interieur. Il a 20 ans, est idealiste, aventureux et irresponsable. Alors que je joins finalement Juan Ma qui m’autorise a rester chez lui quelques jours afin de trouver du boulot, mon jeune ami se trouve un beau container vide ou il elit domicile. C’est pas le pied niveau commodite, j’en ai fait l’experience au Bresil, mais ca fera l’affaire pour quelques nuits j’imagine.

De mon cote, je fais la connaissance de Juan Ma, un ami de la famille Curutchet de San Rafael. Jeune avocat de Buenos Aires, il a ete recemment mute a Ushuaia. C’est egalement un sportif endurci et un kayakeur hors pair (il a relie Punta Arenas a Ushuaia en kayak il y a peu !).

Vista sobre los techos de Ushuaia  Puerto de Ushuaia

Le lendemain de mon arrivee le temps s’ameliore. Je ne perds pas de temps, je m’en vais me renseigner sur les modalites de travail a Ushuaia. J’ai decide de travailler afin de reposer mon esprit fatigue par plus d’un an de voyage et accessoirement afin de renflouer mon compte bancaire. Ushuaia, avec sa saison touristique de novembre a mars semble etre l’endroit ideal pour un arret de ce type. Apres une matinee a courir de Manpower a l’ANSES (la secu argentine) puis au service d’immigration, je me rends vite compte que le travail au noir semble etre la seule alternative pour un emploi de quelques mois en tant que « touriste » (c’est que dit mon passeport). Je m’en vais donc distribuer des dizaines de CV dans les bars, hotels, agences de voyage, restaurants de la ville. Apres 2h de ce petit jeu, je tombe sur le patron d’un restaurant cherchant justement un serveur. Mon experience dans le domaine se limite au service de sandwichs a la cafet’ de mon ecole et au service de verres corsés dans les soirees etudiantes (enfin disons « beuveries », soyons honnetes) de Grenoble. Tout ca un peu amplifie sur un CV parait une experience tout a fait acceptable…

Bref, je suis engage sur l’instant et commence le service le soir-meme. Ensuite, je suis assigne au service du petit-dejeuner des clients de l’hotel et au service du dejeuner le midi. Un boulot de 60h par semaine travaillant 6 jours sur 7, ca fait drole au debut. Surtout pour un type « en vacances » depuis 14 mois ! Parallelement a ca, je me dois de trouver un logement decent et bon marche. Lorsque arrive la fin de semaine je n’ai encore rien vu d’Ushuaia, j’ai le dos en compote et je n’ai que de faibles pistes pour des chambres chez l’habitant. Le dimanche arrivent mes amis russes a Ushuaia qui m’annoncent qu’ils ont rencontre une jeune femme, Ana, qui va les loger gratuitement et indefiniment en ville. Ne cherchez pas a comprendre, hospitalite argentine. Meme si la, le cas est plutôt extreme… Du coup, je m’ajoute au groupe et le probleme du logement n’est plus un probleme.

Apres tant de temps passe sur la route, maintenant place au boulot et a une vie rangee. Enfin, tout ca n’est que temporaire…

Yo en mi  traje de mozo - Ushuaia

Recto a Ushuaia!

Apres une tentative de Couchsurfing ratee a Puerto Natales, je quitte donc la ville le lendemain de mon retour du parc national Torres del Paine. Premier court ride de 10 km jusqu'à la deviation pour Ushuaia. Ensuite c’est Juan qui m’embarque. Revenant du parc avec son van il me permet d’arriver a quelques 80 km du detroit de Magellan que je dois franchir pour passer sur la Isla de la Tierra del Fuego. Ce dernier s’en va pour Punta Arenas, plus au sud. Je tombe alors sur Javier qui me depose a 15 km du detroit en question. Meme pas le temps de sortir mes biscuits pour casser la croute que Guillermo et Francisco font une pause dans leur folle chevauchee a bord de leur gros SUV pour me prendre en stop. Nous arrivons a l’embarcadere qui permet de monter a bord du bateau qui traverse le detroit. Juste a temps ! Nous sommes suivis par des toninas pendant le voyage. Il s’agit de petits dauphins noir et blanc qui paraissent aussi vivaces et joueurs que leur congeneres communs.

Estrecho de Magallanes

La chevauchee fantastique se poursuit jusqu'à Rio Grande tout en ecoutant Francisco me parler avec ferveur de la politique des Kirchner. Une fois arrives a destination, alors que j’annonce que je souhaite trouver un coin pour dormir, Guillermo me propose de venir dormir chez lui. J’accepte avec enthousiasme ! Sans compter que je n’ai pas pris de douche depuis une semaine, que je n’ai pas dormi dans un vrai lit depuis Comodoro Rivadavia et que je n’ai pas eu de repas decent depuis…et bien je ne m’en souviens meme pas !  Je reste finalement 3 jours dans cette ville sordide et industrielle, parcourue de vents violents et faisant face a la mer d’un cote et a la plaine de l’autre. Les 3 jours passe en compagnie de Guillermo et sa famille me permettent de me reposer, de travailler un CV monte de toutes pieces dans l’espoir de trouver un boulot a Ushuaia et de me regaler de la cuisine maison.

Las islas malvinas son argentinas!  Guille y Teddy Alberto - Rio Grande  Desfile gaucho en las calles de Rio Grande

"Muchas gracias Guille para tu hospitabilidad! Nos vemos pronto cuando paso por Rio Grande o cuando bajas a Ushuaia!"

Je quitte Rio Grande l’apres-midi du troisieme jour sous un temps superbe et me fait facilement embarque par Pancho qui va droit a Ushuaia. Apres 40 km la plaine se transforme en bois et la plaine laisse place aux montagnes. Passe Tolhuin, le temps se degrade considerablement et lorsque nous passons le Paso Garibaldi la tempete de neige est a son comble. En fin de journee, malgre la neige, je suis a Ushuaia. Cette arrivee marque une etape dans le voyage. Maintenant, a moins d’obtenir un billet pour l’Antarctique (ce qui n’est pas exclut), ma route me menera du sud au nord et non plus du nord au sud.

Tormenta de nieve - Paso Garibaldi

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