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De Tucuman a Paraguay pasando por el norte de Argentina

Je quitte Tucuman en fin de matinee avec pour objectif Asuncion, la capitale du Paraguay, et le forum social des Ameriques qui s'y deroule du 11 au 15 aout. Depuis plusieurs jours le nord de l'Argentine connait une vague de froid sans precedent et lorsque je quitte la ville le froid est plus que jamais present. Apres une longue marche pour sortir de la ville, j'ai du mal a trouver un endroit ou faire du stop et meme les stations services semblent inadequates. J'obtiens finalement un ride de 10 km qui m'avance un peu mais me met en mauvaise situation. Je marche a nouveau, personne ne s'arrete pour m'embarquer et je vis quelques heures de galere dans le froid. Finalement, 2 jeunes femmes m'embarquent et partage avec moi un bon mate bien chaud. L'argentin ne sort jamais sans son thermos d'eau chaude et son mate, une bonne chose chose pour moi! Les filles me laissent a 50 km environ, au peage de Trancas. Il est deja 17h. Je me retrouve avec deux jeunes troubadours des temps modernes attendant egalement un ride; je ne suis pas sur que le jonglage soit vraiment un bon moyen pour se faire prendre en stop mais chacun sa technique apres tout...

Apres 2h passees a nous agiter pour rien, je m'en vais squatter une maison abandonnee au bord de la route pour y passer la nuit. Les troubadours me rejoignent peu apres. Sans fenetres et avec une porte bringuebalante, notre abri de fortune ne nous protegera pas du froid... Le lendemain, je fais cavalier seul et marche jusqu'au controle routier a 15 km du peage. Je demande l'aide des policiers en poste qui me trouve un camion jusqu'a Rosario de la Frontera. Ca fera toujours 50 bornes de prises! Sur place, nouvelle galere avec des promesses de rides non concretisees et une nouvelle marche jusqu'a une station service pour une nouvelle attente. Juste avant la tombee de la nuit j'obtiens enfin un court ride jusqu'a la jonction pour la route 16 qui traverse toute la region du Chaco jusqu'a Resistencia. Il est 19h, c'est la nuit et j'ai parcouru 150 km en 2 jours dont 30 a pied. Affligeant! Alors que je me gaussais de la facilite avec laquelle j'obtenais des rides il y a quelques jours... La raison principale est que les camions ne veulent, et ne peuvent, pas m'embarquer a cause de divers moyens de controle utilises par leur entreprise qui restreint fortement leur independance et liberte. Je parle du controle satellital en particulier, mais aussi des detecteurs d'ouverture de portiere et de controles administratifs.

Un coup de chance survient alors sous la forme d'un camion qui s'arrete a ma hauteur, les conducteurs etant presses par une forte envie d'aller se soulager dans l'herbe grasse. Johnny et Ivan m'accepte a bord apres avoir reboutonne leur pantalon... C'est 100 km de gagne jusqu'a Joaquin Gonzalez, en plus en bonne compagnie. En effet, mes camarades de route sont enjoues et intrigues par ma presence dans le coin. Ils me proposent d'ailleurs de venir passer la nuit dans la «hacienda» du pere de Johnny et j'accepte volontiers vu que je ne sais pas ou dormir ce soir la. Lorsque nous arrivons, des carcasses de porcs sont embarquees en camionnette vers Jujuy et le pere de Johnny voit d'un mauvais oeil la presence d'un gringo dans sa propriete. Enfin, je me trouve un coin sur des sacs de farine ou je m'endors sans attendre. Le lendemain, j'aide mes deux acolytes de la veille a decharger les 9 tonnes de fourrage contenues dans le camion. Il s'agit d'une sorte de pillule de ble que les eleveurs sont obliges d'utilises en cette periode de secheresse pour cause de manque d'herbe. Ceci fait, Ivan nous prepare un delicieux «caldo» de chorizo au feu de bois au milieu des porcs qui circulent librement dans l'hacienda. Une petite sieste et cette fois nous chargeons le chargeons le camion viande. Nous nous dedions a faire entrer une dizaine de bovins a l'arriere, direction l'abattoir a Jujuy. J'assiste a l'operation en tant qu'invite et admire le savoir-faire de ces «gauchos» chevronnes.

Cargando el camion desde el corral - Gonzalez  Ivan y Johnny cocinando - Gonzalez

Lorsque Johnny et Ivan me depose a Joaquin Gonzalez il est deja 17h et je dois me trouver un ride pour progresser vers le Paraguay. Rien ne vient et aucun camion ne m'accepte a son bord. Finalement, vers 20h30, je trouve miraculeusement un camion se rendant a Posadas, a la frontiere avec le Paraguay. Fou de joie, j'embarque sans tarder. Les chauffeurs s'arretent au final 30 km plus loin, me disant qu'ils doivent passer la nuit ici et charger des meubles le lendemain matin. Pas de probleme, je peux attendre. Je campe donc a la station service de Gaona et passe la matinee du lendemain a lire traquillement en attendant le retour de mes bienfaiteurs qui arrivent vers 13h. Malheureusement, le patron de ces derniers m'a apercu la veille et leur a formellement interdit de m'embarquer avec eux. Je serais bien aller pisser sur sa jolie voiture toute neuve si un des chauffeurs ne m'avait pas dissuade, craignant pour son poste.

Me voici donc de nouveau a jouer du pouce, dans un endroit peu ideal pour ca, a une heure deja avancee du jour et avec seulement quelques jours pour parcourir plus de 1000 km. Pas fameux. Apres 1h30 de vains efforts, une jeune professeure d'une petite communaute a 20 km de la me propose de me deposer a l'entrer d'une usine de coton d'ou sortent de nombreux camions a toute heure du jour et de la nuit.Une fois sur place, j'apprends qu'aucun camion ne va dans ma direction ce jour la et je suis bon pour une marche de 10 km pour rallier la communaute de ma professeure, partie enseigner entretemps. Un peu desespere, je me poste en debut de soiree a la sortie du village, hesitant entre prendre le bus et passer une nouvelle nuit en tente pour poursuivre ma quete irraisonnee le lendemain. Vers 21h s'arrete alors un camion a ma hauteur. Une fille descend; mieux vaut ne pas chercher a savoir ce qu'elle faisait la, et je profite de cet instant pour litteralement quemander un ride en direction de l'est. Juan Carlos est un vieux briscard qui a ses propres regles et ne se preoccupe pas des reactions de ses superieurs. Il m'emmene donc avec lui jusqu'a Saenz Pena. Autant vous dire que j'etais tres tres content de me retrouver a ses cotes. Apres l'echange de quelques politesses, je m'endors bien vite jusqu'a ce que Juan Carlos me reveille a 3h du matin pour me debarquer au parc industriel de Saenz Pena. Je trouve refuge dans une station service ou il m'est impossible de dormir et ou je passe donc 3h a lire. A 6h, les premiers camions se mettent en branle et c'est le moment de mettre fin a ma lecture. Je suis malchanceux aupres des camions mais je tombe sur Paco qui se rend a Resistencia avec sa fille. Paco est adorable et affable et je passe un tres bon voyage avec ce commercial qui vend toutes sortes de pneus depuis 7 ans.

Je suis enfin a Resistencia. La capitale du Chaco ne presente pas un grand interet mais l'air y est doux, les arbres en fleurs et sa place centrale boisee m'autorise une bonne sieste a l'ombre en debut d'apres-midi. Je n'irai pas plus loin aujourd'hui. Une bonne douche a la station YPF de la ville (ancienne chaine publique de stations services que l'on peut rencontrer partout dans le pays; la chaine est maintenant privee suite a l'intervention des dures lois du capitalisme...) et je me trouve un parfait endroit dans un parc pour camper. Le lendemain, j'ai 2 km a faire pour sortir de la ville et commencer le stop vers Formosa. Je suis embarquer par Alejandro, un ingenieur en mission dans la region pour l'installation d'une nouvelle ligne haute tension. Ce dernier se rend a la Laguna Blanca a l'ouest de la frontiere paraguayenne, simplement histoire de visiter la region. Je l'accompagne finalement et nous passons une tres bonne journee a discuter de tous les sujets et a visiter la region de Formosa qui semble composee pour moitie d'immenses marecages nommes «esteros», et pour autre moitie de larges champs cultivables (malheureusement beaucoup de soja transgenique).

Parque Laguna Blanca   Laguna Blanca

Avant de l'abandonner a Formosa en debut de soiree, je me devais de partager une biere avec mon camarade d'un jour. Alejandro est ensuite retourne a Resistencia tandis que j'ai erre un temps a Formosa (qui possede d'ailleurs un tres joli bord de riviere ou la population vient siroter son mate entre amis le soir) avant de me trouver un terrain vague ou j'ai une nouvelle fois campe.

Alejandro y yo compartiendo una cervecita - Formosa 

Petite marche pour sortir de la ville le lendemain avant qu'une equipe d'ouvriers de la route ne m'emmene a mi-distance de la frontiere. De la, l'ouvrier charge de la regulation du traffic me trouve facilement un camion qui m'emmene au controle policial a 5 km de Clorinda, la ville frontaliere avec le Paraguay. Jorge m'explique qu'en qualite de chauffeur experimente et international, il touche un salaire de $4000, soit bien plus qu'un medecin ou un avocat. Ma carriere a mon retour est toute trouvee! Alors que je me dirige a pied vers Clorinda pour couvrir les 5 derniers kilometres, Carlos s'arrete a ma hauteur avec son scooter et me propose un court ride jusqu'a la ville. Mon deuxieme ride en 2 roues depuis le debut de mon voyage! Apres un temps passe a Clorinda, je marche jusqu'a la frontiere a 4 km de la ville que je traverse rapidement en zigzaguant a travers l'amoncellement de camions. A 3 km de la frontiere, je tombe sur la station service d'Oscar qui accepte sans probleme que j'y passe la nuit. Le lendemain, je passe plus d'1h a siroter le mate en compagnie d'Oscar alors que nous sommes a peine deranges par les 2 motos qui passent faire le plein durant ce temps.

Oscar frente a su estacio de servicio - Puerto Falcon   amanecer a puerto falcon  Frontera Paraguay Argentina - Clorinda

Je quitte Oscar vers 9h, me trouve facilement un camion s'en allant a Asuncion. Carlos parcourt les 30 km qui me separe de la capitale en peu de temps et me debarque a 8 km du centre. Pas de chance, je n'ai toujours pas de monnaie locale et suis bon pour une nouvelle marche jusqu'au centre-ville. Lorsque je me rends a la banque pour me procurer du change, j'observe des personnes quitter la place avec des sacs remplis de billets. Un euro valant  6300 guaranis, on a vite fait de se sentir faussement riche apres un passage au distributeur automatique...

Alors que mon plan Couchsurfing tombe a l'eau pour la duree de mon sejour a Asuncion, je squatte honteusement l'appartement de l'hote de mon ami Istok que j'avais prevu de retrouver ici meme. Nous sommes le 10 aout, je suis a l'heure dite au lieu dit et j'ai un lieu ou dormir pour la duree du forum. Je suis plutot satisfait. 

Commentaires (2)

1. Martine H 21/08/2010

Que de péripéties...Heureusement que tu peux compter sur tes pieds mais aussi sur tes nombreuses rencontres...Continues bien ton voyage
Bien amicalement

2. céline (celle de julien) 22/08/2010

salut mouette!!!!
désolé on ne t'a pas donné de news depuis bien longtemps... l'année fut rude mais payante : julien est maintenant professeur des écoles et moi médecin!
On vient de finir la semaine traditionnelle à Morillon et on a pensé à toi! Fais attention à toi! pleins de bisous!

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