De Tokyo a Kyoto ou de l'actuelle capitale a l’ancienne

Pour me rendre a Nagoya, je dois quitter Tokyo par l’ouest. Je quitte donc la coloc’ de Juju le lundi 02 mai et me rend jusqu'à Kuji grace a l’inevitable JR lines, le service ferroviaire de l’agglomeration de Tokyo. Arrive a la gare, il me reste encore 1h de marche pour atteindre l’echangeur qui me permettra de faire mon entree sur l’autoroute menant a Nagoya. L’autoroute longe la cote Pacifique en passant au sud du Fuji-san (que je ne verrai pas a cause du brouillard sur les collines) et traversant la zone industrielle des prefectures de Shizuoka et Aichi.

J’ai de la chance, mon premier chauffeur ne se fait pas attendre. Il est jeune, distingue et tres aimable. J’apprends qu’il est ingenieur civil et que son pere est un haut fonctionnaire du gouvernement. J’aimerais en savoir plus mais difficile d’entrer dans les details en japonais. Il reproduit aussi des esquisses accompagnees de poemes finement peints sur un splendide cahier. Nous nous arretons sur une aire d’autoroute pour dejeuner. Ca ne manque pas, je me regale a nouveau de sushis a l’œil… Meme le long de la cote, ces petites montagnes basses recouvertes de forets typiques du Japon ne font pas defaut. Malgre son intense urbanisation, le Japon possede encore une nature remarquable qu’il s’efforce de preserver, en dehors et au-dedans des villes.

Nous arrivons a Shizuoka ou mon chauffeur termine son voyage. Il m’invite avant de m’abandonner a visiter un site archeologique de la ville. Le site presente la reproduction d’un village datant de plus de 1000 ans. Interessant d’etudier les techniques de construction et l’agriculture de l’epoque. Avant de finalement nous separer, mon chauffeur me depose a l’entree de l’autoroute, au parfait endroit pour reprendre le stop. J’attends bien 10 minutes (quel comble !) avant de me faire embarquer par les Nagashima a bord de leur Toyota. Je fais ainsi la connaissance de Yoshihiko et Michiyo, mais aussi de Miyoko et Eric qui sont en visite au Japon pour une semaine et arrivent directement d’Australie. Yoshihiko et Michiyo vivent a Toyobashi et recoivent Miyoko et son fils pour la semaine, Miyoko etant une amie d’enfance de Michiyo.

cours d'archeologie a Shizuoka  Me rappelle plus de son nom mais il etait bien sympa... - Shizuoka

L’ambiance est bonne enfant dans la voiture et la discussion est partagee entre l’anglais sur la banquette arriere et le japonais sur les sieges avant. Nous arrivons en fin de journee et je demande a etre depose a la sortie de l’autoroute. Pas question de me laisser camper a l’exterieur pour Michiyo ! Je suis invite a rester la nuit chez eux. Euh…OK. Dans la soiree, nous nous rendons tous au restaurant pour aller savourer encore une fois l’excellente (et saine !) cuisine japonaise. Je ne m’en lasse pas ! Et c’est tant mieux car la nourriture est le theme de predilection des sujets de conversation au Japon. Je croyais que nous avions la palme en France mais il faut croire que les japonais ne sont pas en reste sur ce domaine. Au retour, pour terminer en beaute en termes de gastronomie, nous degustons de succulentes patisseries rapportees d’Osaka par Miyoko. Ce soir la, souhaitant profiter du temps libre offert par la « Golden Week », Yoshihiko et Michiyo decident de m’accompagner le lendemain a Okazaki pour visiter le château d’Ieyasu, le premier Shogun a voir unifie le Japon sous une seule banniere (et accessoirement le fondateur de l’ere Edo qui dura pres de 250 ans). Ils invitent aussi pour l’occasion une amie americaine, Natasha, qui enseignent a l’universite de Toyobashi. Cela reserve un splendide programme pour le lendemain que je n’aurais pas imagine en quittant Tokyo… ouch, ce matin meme !

La famille Nagashima et la famille Ton - Toyobashi

Michiyo est au petit soin avec ses hotes et je suis traite avec les memes egards que Miyoko, son amie de longue date. Apres un petit dejeuner copieux, Natasha nous rejoint et nous partons pour Okazaki. Le château est evidemment majestueux et l’apparent charisme d’Ieyasu, son occupant le plus celebre, en fait un haut lieu historique du Japon. Le site comporte aussi un interessant musee et une fabrique de mizo se trouvant a deux pas. Le mizo est une pate derivee du soja, tres populaire au Japon, et qui est surtout utilise pour assaisonner la soupe (mizo shiru). Apres cet episode culturel, retour a Toyobashi ou je remercie la famille Nagashima a ma facon. Vous l’aurez devine, j’ai encore fait une montagne de crepes… Cette fois, je suis neanmoins accompagne de Natasha en cuisine. Elle nous prepare un excellent poulet a l’ethiopienne, recette heritee de ses nombreuses annees en Afrique. Pour l’anecdote, Natasha est une veritable polyglotte (elle parle anglais, francais, espagnol, russe, japonais et un ou deux dialectes africains couramment), une grande voyageuse, une femme engagee et possede une grande connaissance de nombreuses cultures pour avoir vécu dans differents pays sur differents continents. Imaginez bien que je l’ai presse de questions durant toute la journee !

Natasha, Yoshihiko et Michiyo face au chateau d'Okazaki  fabrique de mizo - Okazaki

Toute la famille apprecie le diner et les deux jeune filles Nagashima ne resistent pas a mes crepes ! Yoshihiko nous montrent ce soir la ses albums photos, entre autres de son mariage, de ses filles et des jeunes annees de Michiyo lorsqu’elle etait une championne de karate. Savoir cette mere de famille si gentille et si calme championne de karate m’en a bouche un coin pour etre franc…

Le lendemain, nous quittons a nouveau la maison tous ensemble. Visite de Nagoya au programme. Yoshihiko travaille chez Lexus (dixit Toyota) et souhaite me faire la visite du musee Toyota de Nagoya. Cette region est un centre nevralgique de l’industrie automobile japonaise, or Toyota en est sans aucun doute le leader en termes d’avancees technologiques, d’exportations a l’international et de chiffre d’affaires. J’apprends au cours de la visite que bien avant de devenir une industrie automobile, Toyota était une entreprise de textile. Ses fondateurs, Sakichi Toyoda et son fils Kiichiro, avaient fait de l’entreprise un leader du marche grace a leur ingeniosite, leur creativite et leur esprit visionnaire. Kiichiro avait ensuite elargit l’activite a l’automobile au debut du siecle dernier en s’appuyant sur le modele americain. L’entreprise est devenue par la suite un exemple de la reussite industrielle japonaise et de la conquete mondiale des produits nippons.

l'ere de l'acier n'est pas revolue! - Nagoya  premiere Toyota faite main! - Nagoya  le vehicule urbain de demain - Nagoya

Derniere attention de la part des Nagashima, je suis depose devant l’immeuble de mon hote Couchsurfing a Nagoya avant de leur dire adieu avec gratitude.

Pas le temps de me reposer, je fais immediatement la connaissance de David qui me recoit pour deux nuits dans la ville. Nous allons rapidement manger quelque chose pres de chez lui avant de retourner a son appartement exigu ou nous discutons de nos vies respectives. Ancien membre de Peacecorp en Afrique, David vient d’arriver au Japon pour y tenter sa chance. Il a ainsi decroche un poste de professeur d’anglais a Nagoya un mois plus tot et se familiarise avec sa nouvelle vie. Nous terminons la soiree face a un film americain pour ados tres propice a la blague satyrique. Nous nous en donnons a cœur joie.

Je pars explorer la ville sur le velo de David le lendemain. Au Japon, la bicyclette est reine et les rues sont toujours parfaitement equipees pour les deux roues. On peut generalement compter autant de pietons que de personnes a velo dans les rues et il existe meme des parkings a velo dissemines un peu partout entres les immeubles. Apres un grand tour dans le centre, j’atterris pres du château de Nagoya et ses espaces verts ou fleurit le lilas en cette saison. L’occasion est trop belle et je m’offre une longue sieste au soleil. Le soir, David organise une soiree karaoke avec Diane, une de ses collegues. Le karaoke est une des activites preferees des japonais. On y va en famille, avec des amis, des collegues, son chien ou sa belle-mere. Diane est chanteuse professionnelle et adore frequenter ce genre d’endroit. Elle nous initie donc au fameux karaoke version japonaise. Alors que Diane nous regale de sa voix melodieuse (en anglais et en japonais siouplait), David et moi faisons de notre mieux pour ne pas detruire les quelques classiques en anglais que propose le karaoke. Apres quelques verres cela n’a plus grande importance…

« Thanks Dave ! Next time I see you, we’ll reproduce our amazing duo, it twas epic ! Take care ! »

chateau de Nagoya  j'suis le poinconneur des lilas... - Nagoya  Diane et Dave au karaoke - Nagoya

Il est déjà temps de quitter Nagoya le lendemain en direction de Kyoto. Un peu de transport en commun pour sortir de la ville, un peu de marche jusqu'à l’autoroute, et 5 minutes de stop avant de me faire embarquer. Je commence a connaitre la chanson. Cette fois je suis en camion, ce qui ne m’arrive pas souvent au Japon. Mon chauffeur vient de Gifu situe a 50 km au nord de Nagoya. Hormis un arret de 2h dans les embouteillages suite a un accident, rien a signaler et j’arrive a Kusatsu vers 15h. Je ne suis qu’a 20 km de Kyoto, j’ai avance trop vite car je ne serai recu par mon hote Couchsurfing que le lendemain. Je decide donc de camper dans un parc au calme et de decompresser un peu. Non pas que ma petite vie de voyageur solitaire soit plus epuisante que celle du bon contribuable se tuant au travail, je n’oserai envisager de tels propos, mais le voyage permanent pese malgre tout sur mon frele corps d’oiseau marin (ou serait-ce mon sac a dos et mes marches incessantes ?).

Nuit calme et chaude me preparant parfaitement pour une journee de decouverte de la plus fameuse des anciennes capitales du Japon. Il me suffit d’un ride pour l’atteinde. Il est 8h et Kyoto s’offre a moi. La vie est belle, le soleil brille, mon ventre est rempli de nouilles chinoises et mon sac me parait presque leger en ce debut de parfaite matinee.

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