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Reveil au petit matin, il fait un froid de mouette, euh… de canard. Le printemps vient d’arriver au Japon mais les temperatures restent tres fraiches. Ce matin a Tokyo il doit avoisiner les 5C. Je tente mes premiers mots en japonais au moment de prendre le train pour Tokyo, pas un franc succes et heureusement qu’on me repond directement en anglais. C’est une attitude qui me vexait generalement en Amerique du Sud, or ici ca ne me gene absolument plus car tout m’est inconnu, en particulier la langue. D’ailleurs parler n’est pas tout, dans le cas du metro et du train il s’agirait plutot de lire. Le japonais que j’apprends s’ecrit en romaji (soit du japonais ecrit avec l’alphabet latin) ; or le veritable japonais s’ecrit avec des kanji et autres caracteres appeles soit katakana soit hiragana. Les kanji, herites de l’ecriture chinoise, representent des mots ou expressions. Il en existe pres de 100 000 mais 2 000 a 3 000 suffisent generalement pour maitriser le japonais. On se sent tout de suite mieux, non ? Les caracteres en katakana ou hiragana sont les syllabes de l’alphabet japonais ; ils sont utilises pour ecrire les mots du japonais qui ne proviendraient pas de l’ecriture chinoise. Il en existe plus d’une centaine de chaque syllabaire. Bref, tout ca pour dire que le plan du reseau ferroviare est une enigme pour moi car tout y est ecrit en japonais, non latinise vous l’aurez compris…

Je m’assois dans le train et sors mon petit bouquin intitule « An ideal text for busy people who want to learn Japanese quickly ». Ben quoi ? Oui je suis « busy » ! S’assoit a cote de moi un femme d’age mur munie de son masque de protection, veritable marque de fabrique tokyoite (j’apprends d’ailleurs que les gens le porte seulement pour question d’hygiene, et surtout en hiver pour eviter d’attrapper le rhume de son voisin). Au bout de quelques instants, elle me demande en anglais d’où je viens. Je lui reponds cordialement avec mon meilleur sourire (et accent) « made in France ». Le visage soudain eclaire, elle me repond alors en francais. Pour une coincidence… Elle s’appelle Mela et travaille au ministere de la Justice. Elle parle d’ailleurs, outre l’anglais et le francais, l’espagnol et le mandarin. Tout ca pour defendre les nombreux immigres venus d’Afrique, d’Asie et d’Amerique afin de profiter de la bonne economie japonaise. Enfin, tout ca c’était avant le drame, bien entendu… Pas sur que l’economie japonaise soit aussi bonne dans les mois a venir.

Je descends a l’arret « Tokyo », situe en plein cœur du quartier des affaires. Ici, proprete irreprochable, buildings en verre vertigineux, employes de bureaux tout de noir et de gris vetus et boutiques luxueuses methodiquement aseptisees. J’oblique rapidement vers le sud et me rends a Tsukiji pour vister le marche. Ah, enfin un peu de desordre et d’animation ! Evidemment les etalages de fruits et legumes sont tres jolis mais je viens surtout voir les etalages de poissons, veritable richesse de cet endroit. L’activite en ce milieu de matinee est tonitruente et tout ce qui se vend ici est soit vivant soit tres frais. Tout cela me donne faim et je decide de manger mes premiers sushis. Je trouve un restaurant abordable et m’initie au concept du « sers-toi toi-meme ! ». En effet, la cuisine, ouverte, se trouve au centre du restaurant et autour de cette derniere et des chefs qui s’y agitent circule un tapis roulant proposant une grande variete de sushis et de sashimis. Le prix depend du design de l’assiette. Chaque client a egalement son robinet d’eau chaude personnel et peut se servir un the a tout moment. Premiere experience culinaire reussie !

Marche de Tsukiji - Tokyo  Sushis! - Tokyo

Dans l’apres-midi, je decide de me promener du cote du palais imperial. Alors que je passe devant l’entree, deux jeunes japonaises me font signe en me lancant des « Hello ! Hello ! » Je vais a leur rencontre. Keiko et Masako attendent leurs amies qui doivent sortir du palais sous peu. Elles parlent anglais et nous faisons rapidement connaissance. Quand leurs amies arrivent, je me retrouve entoure d’un petit groupe au feminin, ce qui n’est pas pour me deplaire. Elles me proposent de les accompagner voir le temple Sensoji dans le quartier Asakusa. J’accepte evidemment.

Nouvelle prise du train, ce qui est une vraie saignee en ce qui me concerne. Autant qu’on se le dise, Tokyo n’est pas plus chere que Paris ou New York ou meme Buenos Aires en termes de nourriture et de divertissements. Par contre, en ce qui concerne les transports, je considere c’est un veritable vol a l’etalage tant les tarifs sont eleves. En ma qualite d’ancien parisien amateur du fraudage de transports publics, je nourris quelques envies de sauter certaines barrieres ! Seulement, cela s’avere une mission presque impossible car un garde est poste a chaque entree/sortie de station. Apres deux jours dans la ville j’adopterai une solution intermediaire intitulee : « la perte malencontreuse du billet ». Tres simple, dans le cas d’un voyage excedant les ¥260 (ce qui est frequemment le cas), il suffit de payer la somme minimum a l’entree de la station de depart (soit ¥130 ou un peu plus de 1€) et de faire mine d’avoir perdu son billet a la sortie de la station d’arrivee. On vous demande alors generalement avec grande courtoisie ou vous etes monte dans le train et vous mentionnez avec tout le manque d’assurance due a votre statut de gaijin (etranger), le nom de la station la plus proche. Vous payerez a nouveau le tarif minimum et on vous gratifiera d’une courbette et d’un arigato gozaimasu (merci). Si mes souvenirs sont bons, dans le metro parisien, si je « perds » mon billet je me retrouve a payer une amende de 45€, quelque soit la raison de cette perte… Les japonais sont plutot confiants. Tout est tellement organise, voire presque « orchestre », pour que la machine fonctionne ici, que le comportement crapuleux semble n’etre qu’un concept etranger a la mentalite nippone, ou du moins tokyoite.

Je pourrais m’etendre des heures sur la prise du train, qui est une relle attraction en soit, mais j’en reviens a mon recit. A peine sortis de la station, mes accompagnatrices font chauffer frenetiquement les appareils photos. Premiere constatation : l’idee recue des japonais fanatiques de photographie semble ne pas etre usurpee. Le temple se trouve au bout d’une longue allee bordee de petites boutiques vendant des souvenirs. L’ambiance est charmante et le temple est superbe. C’est le plus vieux de la ville et il a ete recemment renove.

Asakusa - Tokyo  Temple Sensoji - Tokyo

Apres cette page culture passee au crible des appareils photos, nous nous dirigeons vers Shinjuku, LE lieu de la vie nocturne a Tokyo ! Mes compagnes m’y entrainent pour une seance de purikula. Je ne comprends de quoi il s’agit qu’une fois sur place, apres avoir gravi les quatre etages d’un immeuble litteralement bonde de jeux videos ou s’agitent des dizaines d’adolescents et d’autres plus ages. Le dernier etage est garni de photomatons. L’interet du lieu est que l’on peut personnaliser ses photos, et generalement ca se fait a base de couleurs flashy et de stress et paillettes. Logique, je me rends vite compte que l’endroit n’est visite que par des filles… Je me prends au jeu et les filles me recompensent d’une belle photo !

Purikula in Shinjuku - Tokyo  Purikula pour Jonasan! - Tokyo

Il est temps pour moi de quitter cette charmante compagnie et de me rendre chez Yuichi, mon hote CS. Nous nous retrouvons a la station Asagaya et apres 5 minutes de marche nous sommes chez lui. Il s’agit d’une maison ancienne avec toute la panoplie de panneaux coulissants, de tatamis, de futons, de petites tasses de the traditionnelles et le tutti quanti. Je partage le the avec Yuichi qui me parle un peu de son activite de journaliste sportif et de webmaster. Yuichi parle anglais mais s’aide souvent de son dictionnaire electronique qu’il a toujours a portee de main. Le sommeil me gagne finalement et je rejoins mon futon avec reconnaissance pour mon hote qui m’offre ma premiere nuit dans un lit depuis 15 jours.

Le lendemain, Yuichi me prepare un petit dejeuner copieux (et delicieux) a base de nouilles, de raviolis de crevettes et d’une sauce a base de soja et de yam. Ensuite, depart a 8h50 exactement. Yuichi est d’une ponctualite impressionnate et je ne peux m’empecher de songer avec un sourire reveur au retard chronique de mes amis latinos ! Tandis que Yuichi part travailler, je me rends a la bibliotheque du quartier pour etudier mon japonais. Une lesson par matinee, c’est la contrainte que je me suis fixe. Dans l’apres-midi, je me rends a Kamakura situee dans le Grand Tokyo. Je reponds ainsi a l’invitation de Keiko et Masako qui m’ont convie a une visite de la ville la veille. Nous flanons d’abord dans la rue Komachi, riche de boutiques alimentaires. A ma grande joie, tout est goutable ! Je ne me prive pas et mange de tout ! Les filles me donne le nom de chaque aliment et se font un plaisir de repondre a mes questions sur la cuisine japonaise et d’autres aspects de leur culture. Nous arrivons ensuite au temple Tsurugaoka Hachimangu, le plus important de Kamakura. La ville fut autrefois un shogunat d’importance rivalisant avec Kyoto, l’ancienne capitale du Japon. La construction du temple fut ordonnee par Minamoto no Yorimoto, le père de l’ere Kamakura qui debuta au 12eme siecle et dura pres de 150 ans.

Noodles made in Yuichi! - Tokyo  Session degustation dans Komachi-dori - Kamakura  Masako et Keiko devant Tsuguraoka Hichimangu - Kamakura

Apres le temple, nous allons rendre une petite visite au second plus grand Bouddha en bronze du pays. Mesurant 11 m de haut et pesant 93 t, il trone paisiblement au centre du temple qui lui est dedie. La serenite du lieu entoure de montagnes verdoyantes est saisissante !

Great Buddha - Kamakura

Mes guides m’empressent de les accompagner ensuite a Shinjuku. Je me laisse a nouveau guider. Nous visitons une boutique de deguisements ou je ne suis pas celui qui essayera le plus ridicule, meme si la photo ci-dessous fait penser le contraire. Ensuite, nous nous rendons dans un restaurant que visitent tous les etudiants de la ville du fait de ses prix abordables. La commande se fait via un ordinateur tactile disponible a notre table et il vaut mieux etre accompagne d’un japonais pour savoir quoi commander. Nouvelle experience culinaire et bons moments avec Keiko et Masako qui s’averent etre des guides de haute volee. Je les abandonne finalement pour ce qui deviendra mon traditionnel « moment the » avec Yuichi, de retour du travail.

Camouflage parfait! - Tokyo

Le jour suivant, apres ma matinee a la bibliotheque, je me rends a Akihabara, la « ville electrique ». Pourquoi cette appellation ? Tout simplement car ce quartier offre toutes les opportunites possibles et imaginables en termes de materiel electronique. C’est aussi le lieu des fans de mangas qui s’accumulent dans des magasins specialises. Rendu dans un de ces « temples du manga », je feuillette un antique premier tome de Dragonball et je replonge soudain en enfance. La generation des annees 80 comprendra surement ma nostalgie…

Video games in Akihabara - Tokyo  City landscape - Tokyo  La folie des mangas - Tokyo

Arrive le soir et je me rends a Takadanobaba pour assister a une reunion de Peace Boat, l’ONG pour laquelle je compte m’engager pour aider les victimes du recent tsunami. La presentation a lieu dans un sous-sol mal eclaire et la foule de personnes s’agglomerant dans les bureaux de l’association donne a l’evenement une allure de reunion clandestine. Nous ne sommes qu’un petit groupe d’etrangers et la reunion se tient en japonais. Je reste pres de 2h la-bas et decide de finalement me porter volontaire pour une semaine d’aide a Ishinomaki, une des villes de la cote nord-est du pays qui a ete le plus touche par le tsunami. Les volontaires ne peuvent rester plus d’une semaine et Peace Boat a instaure une rotation des groupes. Ceci est du aux conditions extremes de travail sur place selon l’organisation. L’epuisement physique et mental devrait etre au rendez-vous…  Je serai donc a Tokyo pour une semaine encore en attendant le depart.

Je pars vendredi prochain, le 1er avril. Pourtant, cela n’a rien d’une blague mais est bel et bien l’histoire d’une tragedie qui a, a ce jour, coute la vie a plus de 10 000 personnes (plus 16 000 disparus), qui oblige 240 000 personnes a vivre dans des campements provisoires et qui a provoque une catastrophe nucleaire aux effets encore imprevisibles (177 000 personnes evacuees dans un rayon de 20 km autour de Fukushima)

Commentaires (6)

1. Jyer 29/03/2011

Je te surveille, hérétique !
Les syllabaires hiragana et katakana n'ont que 52 caractères chacun (dans l'alphabet romain, tu comptes pas les é, è et ê que je sache... bah pareil pour les kana affaiblis de " et °).
Les hiragana permettent d'écrire des mots japonais, et les katakana des mots étrangers.
Allez, essaye d'apprendre au moins quelques kanji !

2. Louis 29/03/2011

Mouette c'est un PIMP au Japon, HArh!!!!!!!!!!!!!

3. La Mouette Voyageuse 30/03/2011

Desole mon Jyer, je me basais sur les tables avec accents et extensions. Mine de rien ca fait quand meme plus de 100 sons differents pour chaque syllabaire!

4. Sylvain 31/03/2011

salut mec,

je me suis mis a la page, mais je ne comprends rien à ce que vous racontez avec JR.
tu écris trop de truc, j'arrive plus a suivre.
sinon, j'attends une comparaison entre les japonaises et les américaines plus détaillée...
Biz

5. Cecile 01/04/2011

Salut!
On reconnait bien Sylvain là dans le com précédent!!! ;)

Moi, perso! j'arrive à suivre! à quand les prochaines news!!?
Bon courage pour l'apprentissage de la langue, pour ton aide au sein de l'ONG.
Continue à nous conter tes péripéties!!
des bises.
Cecile.

6. Patrick (site web) 05/04/2011

Ahoy, my pendantic amigo Françes!

It's hard to imagine, in these past months I've hardly moved at all, and here you are all the way in Japan! Sounds excellent man! Will be sure to keep up with your posts!

Chao form boring old South America!

Patrick

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