Hasta Bogota

Arrive a Turbo s'amorce pour moi une course contre la montre pour arriver le plus rapidement a Bogota. La-bas, je dois y rencontrer Olivier, l'ambassadeur de l'Ecole de la Paix pour faire simple, avec qui je dois discuter des termes de ma mission en Colombie. N'ayant que 90 jours dans le pays avant de necessiter un visa, je cherche donc a optimiser mon temps sur place. Je quitte donc mes amis a Turbo, en particulier mes compagnons en deux roues qui ont egalement une longue route a faire.

Turbo - Unai y Istok preparados a partir

Ma premiere experience de stop en Amerique du Sud se passe bien et en debut d'apres-midi j'arrive a Apartado. Je finis ensuite dans le coffre d'un transporteur de bananes qui me depose a l'entree d'une plantation perdue en pleine campagne. J'y rencontre Julian, un jeune colombien habitant le village de Chigorodo situe a quelques kilometres. Celui-ci me propose le gite et le couvert et m'entraine joyeusement chez lui pour rencontrer toute sa famille. La generosite et l'hospitabilite de la famille Agulero me touche et je suis adopte en l'espace d'une soiree. Recu comme un prince malgre mes allures qui sont de plus en plus celles d'un vagabond, je ressens pour la premiere fois la chaleur et la gentillesse colombienne que je croiserai regulierement par la suite. Je dors seul a meme le sol dans une petite piece tandis que la famille se partage deux lits a cinq.

Chigorodo - Familia Agulero

Le lendemain, apres un copieux petit dejeuner et une "douche" au puits, je quitte mes hotes pour faire du stop au niveau des plantations esperant me faire embarquer par un camion transporteur de bananes se rendant a Medellin.  Peine perdue, ce n'est pas l'heure me dit-on, reviens en fin d'apres-midi. En attendant, je pars alors explorer une "finca" avec Alejandro, le plus age des fils de la famille Agulero. Nous longeons successivement d'immenses plantations de bananos et de platanos ainsi que de vastes etendues ou paissent tranquillement de nombreux bovins. Nous visitons aussi une plantation de poivriers ou se trouvent egalement de nombreux fruits exotiques. La visite se termine par un riche repas chez le proprietaire et, pour moi, ma premiere rencontre avec le cafe "enleche".

Chigorodo - Finca pasatiempo, pimenteria Chigorodo - Finca pasatiempo, pimenteria

En fin d'apres-midi je suis de nouveau sur la route sac sur le dos. J'attends deux heures avant q'une opportunite se presente. Entretemps, je suis harcele de questions par une foule d'adolescents sortant de l'ecole et dont je dois repondre aux questions les plus extravagantes. Tellement nombreuse a la fin, cette populace creait un barrage humain sur la route ce qui m'arrangeait particulierement pour arreter les possibles pretendants pour m'emmener a Medellin.

Vers 18h, je suis donc embarque par Rodrigo. Jusqu'a 3h du matin j'alterne periode de discussion ensommeillee et ronflements paisibles contre la fenetre du cote passager. De 3h a 7h sont dechargees les bananes a la plaza Minorista de Medellin et j'en profite pour somnoler dans le camion. Je decide de m'accorder une journee pour me promener dans Medellin, la deuxieme ville du pays, avant de sombrer le soir dans ma chambre d'hotel. Mon premier vrai lit depuis plus de dix jours! Medellin est assez agreable et possede de beaux monuments, la plaza Botero en est la piece maitresse. Malgre tout, je regrette la presence de tant de creve-la-faim, a la rue soit a cause de leur situation precaire soit a cause de la drogue.

Medellin - vista 3  Medellin - vista 2  Medellin - vista 1

Le lendemain, apres etre sorti de la ville et avoir gagne une station-service, je me fais embarquer en camion par Juan qui me depose a Rio Claro, trois heures a l'est de Medellin. La route de Medellin a Rio Claro passe par la cordillere centrale, dont la dense foret est aujourd'hui devastee par la deforestation. A Rio Claro, je me fais ensuite prendre par Nicolas qui accomplit le trajet direct Medellin-Bogota, soit pas moins de huit heures de voiture et deux cordilleres a traverser. Nicolas s'avere un interlocuteur tres interessant bien renseigne sur la situation militaire du pays. Il me decrit donc, avec le maximum d'objectivite, comment guerilleros, paramilitaires, militaires et narcotrafiquants (generalement les guerilleros et les paramilitaires) se livrent une guerre sans merci dans un pays ou la violence quotidienne est maintenant entree dans les moeurs.

Vers 21h nous sommes a Bogota. Un peu perdu dans cette grande ville, je decide de me trouver un coin pour dormir et de rencontrer Olivier le lendemain. Mon sommeil n'est trouble que par le froid (Bogota est a plus de 2600 m) et deux policiers consciencieux. Au petit matin, je deambule au hasard dans les rues de Bogota qui devrait etre ma terre d'asile pour les deux a trois prochains mois.

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