Hasta Ciudad del Este por Encarnacion

Je quitte Asuncion 2 jours apres la fin du forum, le temps de perdre quelques parties d’echecs contre Istok, de visiter tres sommairement la ville et d’acquerir un notebook chez les chinois du centre ville. Et oui, les prix etaient tellement bas qu’apres un an de voyage je me suis decide a acquerir cette petite merveille de technologie. Bien qu’ultra legers, le notebook, sa batterie et son chargeur pesent 2  kg et mon dos souffre neanmoins d’un nouveau surpoids. Enfin, je depenserai moins en cyber-cafes…

Je sors de la ville en prenant un colectivo qui me mene en dehors de la banlieue sud. Je ne vais pas bien loin le premier jour car je pars tard. Je suis a 17h a Yaguaron grace a un ride d’une cinquantaine de kilometres avec le potentiel futur maire de la ville et son epouse, de 25 ans sa cadette ! Un petit mont surplombe la ville. Je m’y rends, y campe et m’offre une superbe vue sur les environs. Le soleil a cette latitude est exceptionnel ! Lorsqu’il se leve, il est tout d’abord rouge sang, puis devient progressivement rouge vif avant de tourner a l’orange. Lorsqu’il se couche on peut observer le phenomene inverse.

atardecer - Yaguaron

Le lendemain, je marche quelques kilometres a la recherche d’un bon endroit pour entamer le stop et je rencontre Juan devant sa grande hacienda. Nous parlons un temps avant que Juan ne me fasse entrer et ne me prodigue un tour du proprietaire en bonne et due forme. Tout est ecologique chez lui selon ses propres dires ; de son jardin et son potager, a l’exploitation de ses puits d’eau (provenant du plus grand aquifere du monde lie au fleuve Paraguay qui passe a 40 km d’ici) en passant par la construction propre de sa maison. Lorsqu’il me demande ce que j’ai petit-dejeune et que je lui reponds : « 2 bananes… », il soupire de depit et demande a sa femme de me preparer quelque chose. Du coup, j’ai droit a une omelette maison avec du pain et de la confiture de guayaba, organique evidemment. Juan m’emmene ensuite voir son elevage de bovins. Dans le forum 3 jours plus tot, j’ai participe a une conference traitant des mefaits de l’elevage en corral et me voila maintenant ecoutant Juan me conter la pratique. Il est en gros d’accord avec ce que je lui souffle de ce que j’ai retenu de la conference mais m’assure que ca ne se passe pas comme ca chez lui. Ses bovins sont nourris avec du fourrage produit sur place et sans engrais ou produits agrochimiques et le fumier est utilise pour produire ce meme fourrage creant ainsi un « cycle vertueux ». Juan me confie ensuite aux bons soins de son fils qui m’avance en jeep jusqu'à Paraguari.  Je me poste au niveau du pesage des camions et me fais embarquer peu apres par Alfredo qui m’emmene droit jusqu'à Encarnacion. Voyage agreable de 250 km ou je teste enfin le fameux Terere, du mate a l’eau glacee qui constitue une specialite paraguayenne. Encarnacion borde l’immense fleuve Parana qui represente la frontiere avec  l’Argentine. Depuis la ville on apercoit Posadas et ses buildings qui pointe de l’autre cote de la frontiere. J’achete quelques provisions et sors de la ville. Je me trouve un coin pour camper entre un chantier et un terrain de foot. Bien, je suis sur de ne pas etre derange pendant la nuit !

Le lendemain je prends un colectivo pour parcourir les 15 km qui me separe des ruines de la mission jesuite de Trinidad. La zone est peu urbanisee et j’aurais sans doute pu faire du stop… La mission est incroyable ! Les ruines sont tres bien conservees et/ou restaurees, le travail de la pierre est digne des grands tailleurs europeens de l’epoque et l’histoire de ces missions me charme. Ces jesuites ont tente de créer une utopie en pleine selva et furent evidemment annihiles par les puissants de l’epoque, genes par le developpement de ces « reducciones » et l’ascendant des jesuites sur les populations indigenes.

mision jesuitica La Trinidad  mision jesuitica La Trinidad  mission jesuitica La Trinidad

Un court ride m’avance ensuite jusqu’au prochain village ou j’attends 1h avant d’etre pris par Ariel, un ingenieur dans une entreprise d’agrochimiques. Tiens donc, quel hasard ! Parlez moi des produits que vous vendez cher ami ! Meme s’il essaye de me convaincre du faible pourcentage d’agents chimiques dans ses produits (25 a 30%) et du fait que leur duree de vie dans les organismes traites est reduite, je vois qu’il ne croit pas vraiment au bien fonde de l’agrochimie. De fait, cet ingenieur est  « campesino » a la base, comme beaucoup. Mais comme beaucoup il obeit aux lois de la dure realite des choses qui est : « Ma famille a faim, je dois la nourrir et cette entreprise me paye 4 fois plus que ce que je gagnerais a travailler la terre. » Vu sous cet angle.

Alors que la region d’Asuncion a Encarnacion était dediee majoritairement a l’elevage, la region d’Encarnacion a Ciudad del Este est dediee a la culture du ble conjointement a celle du soja. En ce moment c’est le ble et nous passons de gigantesques champs appartenant generalement a des entrepreneurs etrangers (bresiliens, japonais, allemands…) qui en 30 ans ont totalement deforeste la zone.

Ariel me laisse a un croisement ou je me fais rouler dans la farine comme un bleu par 3 mecs ayant vu en moi le pigeon parfait (ils ne sont pas tombes loin remarque…). En 2 minutes, de voyageur avise je me suis transforme en gamin naif et impuissant et mon attitude attentiste n’a pas arrange les choses.  En bref, j’ai joue, j’ai perdu et je me suis fais abuse. On a evite la bataille rangee, moi d’un cote et le reste de l’autre, et je sors encore chanceux d’une situation merdique dans laquelle je m’etais fourre tout seul comme un grand. Je n’en dis pas plus car ca ne vaut pas le coup, juste que je m’en sors avec le portefeuille alege de quelques billets et un levre fendue. Apres cet evenement, je rencontre un groupe de camionneurs a la sortie d’une usine de soja et l’un d’eux m’embarque jusqu'à Elidira, ou je campe a nouveau en ruminant mon mauvais comportement du jour. Ah ces camionneurs, toujours la pour sauver la situation !

Tot le lendemain, je m’embarque dans le camion de Ricardo qui me depose a Santa Rita. Je traverse en marchant cette ville industrielle sans interet et tombe avec delectation sur une station service avec douche chaude gratuite ! En sortant de la douche j’ai meme la chance de tomber sur Umberto, qui retourne au Bresil a bord de son camion charge de soja. Qui dit Bresil dit discours evangeliste avec du Jesus en veux tu en voila qui me donne mal a la tete rapidement.  Umberto me depose a 12 km de Ciudad del Este. J’ai assez marche pour la journee et de plus la temperature commence a grimper, je prends un colectivo qui me mene en centre-ville. Fondee a l’epoque du dictateur Stroessner, la ville, frontaliere avec le Bresil et l’Argentine, s’est vite transformee en un haut lieu de contrebande. Le centre-ville ressemble a un immense marche a ciel ouvert ou tous les touristes s’arretent pour faire de pretendues bonnes affaires. Dans mon cas, j’y passe pour manger et pour utiliser internet dans un cyber-cafe. En fin d’apres-midi je me rends a l’usine hydroelectrique d’Itaipu. J’ai pour projet de camper dans l’enceinte de l’usine. Lorsque j’arrive on me propose une visite nocturne du site, gratuite de plus. C’est ca ou mon programme des 3 dernieres nuits, lire dans ma tente. Je choisis la visite. 1h de propagande sur les bienfaits du projet et 1 minute 30 de visite. Ok, je repasserai demain. Je campe evidemment a l’exterieur du site car les responsables ne sont pas autorises a me laisser camper a l’interieur et je me pointe a nouveau le lendemain pour la visite de 8h.

Itaipu by night!

Itaipu est le plus grand barrage hydroelectrique du monde en attendant lamise en route du barrage des 3 gorges en Chine. Projet binational entre le Paraguay et le Bresil, le barrage ne fait pas moins de 8 km de long, possede une puissance de14 GW, a necessite 9 ans de travaux avec plus de 40 000 travailleurs ; bref, vous l’aurez compris l’œuvre est gigantesque. La visite est digne de la mise en scene americaine avec films a l’appui, bus pour nous trimballer un peu partout sur le site et grand renfort de documents papiers expliquant le fonctionnement de l’usine. Mon grand regret est que tout  cela reste tres surfait car l’acces a la salle des machines n’est pas possible sauf autorisation speciale. Evidemment un compte-rendu a venir sur la page de Promethee.

Mon temps au Paraguay touche a sa fin. Je repasse par Ciudad del Este ou j’accompli le meme office que la veille et je passe au Bresil, a Foz do Iguacu. Pour la premiere fois j’entre dans un pays dont je ne parle pas la langue officielle.

rio Parana  Puente internacional - ciudad del este

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